Accueil Actu

Allongement du délai de garde à vue: le MR accuse le PS de faire le jeu des terroristes

Pour instaurer une garde à vue de 72 heures en matière de terrorisme au lieu de 24 actuellement, il faut une majorité des 2/3 au Parlement. Malgré l’apport du cdH, il a manqué 3 voix, jeudi, à la Chambre pour adopter la réforme. Entre PS et MR, c’est désormais le tir à vue. Le débat était enflammé autour de la table de "C’est pas tous les jours dimanche".

Le chef de groupe MR à la Chambre, Denis Ducarme, a frappé fort après l’échec des discussions à la Chambre : "Je constate une chose, c’est le retour de la gauche laxiste". Au tout début du débat, Christophe Deborsu lui a donc reposé la question. Qu’entend-t-il par là ? Est-ce que le Parti Socialiste devra être tenu responsable du prochain attentat ?

"Je ne vais pas faire de dessin aux téléspectateurs, explique le député. Ils savent dans quel contexte on vit. Ils voient la menace sur notre pays. Et à côté de ça, vous avez des partis comme le PS ou Ecolo qui pensent plus aux droits de la personne suspectée de terrorisme qu’aux droits de nos services à avoir un peu plus de temps pour produire un travail complet". Une réflexion que ne partage évidemment pas le député socialiste Stéphane Crusnière. "Il faut dire la vérité au citoyen. Il n’y a pas eu d’unanimité autour des 72h. Par contre l’extension à 48h est demandée par l’ensemble des acteurs. Les acteurs demandent aussi de ne pas faire de distinction entre les délits de droit commun et les affaires de terrorisme."


Des régimes différents pour les terroristes et les autres criminels ? 

Pourquoi, se demande Christophe Deborsu ? "Parce qu’il y a un risque, poursuit Stéphane Crusnière. Imaginons un cas de trafic d’armes. L’enquête se fait et à la 52ème heure, on délivre un mandat d’arrêt. Après, on constate qu’on n’est pas dans une affaire de terrorisme mais de grand banditisme. Les recours seraient possibles. La Cour constitutionnelle, le Procureur fédéral déconseillent d’utiliser deux traitements différenciés pour ce type d’infraction."

Et Denis Ducarme de se défendre: "Le ministre de la Justice a déjà répondu. Même après 48 heures, les faits peuvent être requalifiés sans qu’il y ait une menace de nullité sur la procédure". Et le chef de groupe MR de lancer une dernière pique à son adversaire socialiste : "Vous vous cachez derrière de la poudre aux yeux parce que vous n’assumez pas votre position".


Et la Ligue des Droits de l’Homme, elle en pense quoi ?

Dernier intervenant sur la question : Manuel Laurent, conseiller à la Ligue des Droits de l’Homme. D’après lui, faut-il des mesures exceptionnelles pour traiter des infractions terroristes ? "Le débat montre que le gouvernement a une certaine méfiance dans le système judiciaire. Après les attentats de Paris et de Bruxelles, les juges d’instruction ont eu à examiner énormément d’affaires. De nombreuses personnes ont fait l’objet d’une arrestation et dans le délai de 24 heures, proportionnellement au délai de 24h, énormément de personnes ont été libérées. Les juges d’instruction ont fait preuve de maturité démocratique en gardant la tête froide. Il faut qu’on arrête de dire qu’en Belgique, le délai est de 24h. Le délai est prolongeable jusqu’à 48h". "Mais dans les faits ça n’arrive pas" rappelle Denis Ducarme. "Pourquoi ? C’est la bonne question, enchaine Manuel Laurent. On a déjà la possibilité d’allonger jusque 48h. C’est sous-employé par les juges d’instruction. Est-ce qu’on a besoin d’étendre jusqu’à 72h si on ne le fait déjà pas jusque 48h ? "

À la une

Sélectionné pour vous