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Michel Henrion "s'énerve" face aux chiffres qu'il juge "erronés" sur la prostitution: "Je me méfie des lobbies moralisateurs"

En Belgique, la plupart des citoyens ne savent pas vraiment si la prostitution et le proxénétisme sont légaux ou vraiment interdits. Cette situation floue profite aux proxénètes, rarement poursuivis et condamnés par la justice belge. Les invités et chroniqueurs de l'émission C'est pas tous les jours dimanche ont vivement débattu sur cette question: comment faut-il encadrer la prostitution?

Isabelle Simonis, la ministre PS du Droit des Femmes, part en guerre contre les proxénètes. Elle voudrait qu’ils soient systématiquement poursuivis: "Ce sont des exploiteurs, qui génèrent des situations d’exploitation de personnes", a-t-elle dit. De son côté, le Conseil des Femmes francophones souhaite qu’on punisse les clients.

La prostitution est-elle liée au crime organisé comme certains le disent? Ne faut-il pas aussi assurer un meilleur travail en amont pour encourager les victimes, les prostituées, à déposer plainte? Faut-il abolir la prostitution? Des questions qui ont laissé place à un échange tendu entre Viviane Teitelbaum, présidente du conseil des femmes francophones de Belgique, favorable à une abolition (différente de la prohibition), et Michel Henrion, chroniqueur, favorable à une légalisation.


"Je m'énerve. Ces données et ces rapports sont erronés ou faux"

Michel Henrion a tout d'abord critiqué les chiffres et les rapports sur lesquels se base la députée MR et présidente du conseil des femmes francophones, Viviane Teitelbaum. "Je m'énerve, parce que je me méfie des lobbies moralisateurs madame Teitelbaum. Et je n'aime pas les entrepreneurs de morale, et c'est ce que vous faites. Parce que le mouvement abolitionniste est en pleine offensive, avec énormément de données statistiques et de rapports qui sont erronés ou faux, volontairement faux. Par exemple le 90% de prostituées qui seraient contraintes, et qui sort de je ne sais où".

Le chroniqueur a ensuite lancé une proposition qui lui semble adéquate pour encadrer la prostitution, tout en rappelant que des hommes et des homosexuels étaient aussi concernés par la prostitution. "Il faut leur donner un statut juridique, social et légal, et le droit éventuellement de se mettre en coopérative. Comme ça se fait par exemple en Suisse, où des filles peuvent se mettre ensemble et gérer un établissement sans besoin d'un tenancier de bordel. Ça c'est bien, car ça leur donne une certaine autonomie", a expliqué Michel Henrion.


"Vous désespérez toutes les études sérieuses sur la question"

Michel Henrion a ensuite présenté sa position par rapport à la prostitution. "Je suis pour la décriminalisation et la légalisation de la prostitution. Vous sortez une petite étude, c'est mignon", a-t-il lancé à Viviane Teitelbaum. "Mais je vais vous citer la position d'organismes internationaux. Amnesty International est pour la légalisation. L'Organisation mondiale pour la santé est pour. Médecins du monde est pour la légalisation. L'ONU aussi... Quasiment tous les acteurs de terrain également. Donc vos points de vue idéologiques... vous désespérez toutes les études sérieuses sur la question", a vivement critiqué le chroniqueur.


"Des études prouvent que la légalisation augmente la violence, la traite et le proxénétisme"

Viviane Teitelbaum a ensuite eu l'occasion de donner son point de vue. "J'ai été rue Philippe de Marnix à Seraing encore récemment. J'ai parlé à ces femmes, dont celles qui ne veulent pas sortir de la prostitution. Elles nous demandent quand même d'intervenir pour elles. Parce qu'elles sont dans une situation extrême", a-t-elle dit.

"Et je voudrais vous dire, monsieur Henrion, ces petites études que vous méprisez, quand on en a qui viennent d'Allemagne, des Pays-Bas... Quand on prouve que la légalisation augmente la violence et la traite et le proxénétisme, et que ces femmes deviennent des esclaves des temps modernes, moi je peux vous dire que je n'ai aucun problème avec la morale. Chacun peut faire ce qu'il veut de sa vie sexuelle, mais à un moment donné il faut savoir de quoi on parle", a rétorqué la députée MR.

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