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Tatiana ne remettra pas son fils de 10 ans à l'école: elle explique pourquoi

Un million de francophones vont retourner à l'école cette semaine, élèves et enseignants compris. Mais tout le monde n'y va pas. En effet, certains parents ont choisi l'instruction à domicile pour leur enfant. C'est le cas de Tatiana Forget, venue témoigner sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche.

Tatiana Forget est maman d'un petit garçon de 10 ans et a donné naissance il y a un peu plus de trois mois à un second enfant. Pour le premier, elle opte pour l'instruction à domicile. Elle a expliqué pourquoi sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche. "Le noyau principal, c'est la peur du virus. Mais je pense vraiment que ce qui a orienté notre choix en tant que parents, c'est toute cette incohérence qu'il y a autour du virus, ces chiffres qui sont incohérents, toutes ces mesures qui nous dépassent. Il est là le problème en fait, c'est l'incohérence. Le problème de cette incohérence, c'est que ça créée la peur."

Le pédiatre de la jeune maman lui a par ailleurs confirmé que le risque zéro n'existait pas. "Si on a la possibilité de minimiser les contacts sociaux, on essaie de les maintenir en dehors de la maison. L'apprentissage en famille, c'est une solution que j'ai découverte il n'y a pas longtemps." Concrètement, Tatiana fera appel à sa mère et sa belle-mère. "Ma belle-mère va s'occuper du bébé, comme ça ma maman va s'occuper à temps plein de mon petit garçon. J'ai aussi demandé un 4/5e à mon employeur, je suis en attente de la réponse." Tatiana est assistante sociale au CPAS de Schaerbeek.

"Il parle avec ses copains en ligne"

Son petit garçon recommence sa 4e primaire cette année. La maman pense être suffisamment équipée pour lui offrir une instruction à domicile. "C'est vraiment très différent de l'enseignement à l'école, c'est l'apprentissage en famille, ça développe plus de choses. Il y a des manuels qui sont là pour nous orienter, des manuels où il y a les correctifs pour les enseignants."

La famille fait du sport ensemble et les contacts sociaux de l'enfant seront limités. "On a des enfants dans l'entourage. Mais il a souvent été entouré d'adultes. On est en 2020, la technologie est là. Il parle avec ses copains d'école en ligne, une heure par jour. Ce n'est pas la même chose, mais ils ne peuvent quand même pas se faire un câlin."

Rassurer les parents

Environ 1.000 enfants sur les 900.000 que compte la Fédération Wallonie-Bruxelles sont concernés par l'instruction à domicile. Les chiffres ne sont pas encore définitifs puisque, selon Caroline Désir, les inscriptions sont possibles jusqu'au 5 septembre. "Je voudrais dire à tous ces parents que je ne porte pas de jugement sur leur choix, réagit la ministre PS de l'Education de la Fédération Wallonie-Bruxelles. L'enseignement à domicile est une possibilité qui est organisée par décret. Chacun réagit comme il peut par rapport à cette crise. C'est ce que je dis depuis le début, chacun a ses raisons d'être rassuré ou pas. Moi, mon boulot comme ministre de l'Education, c'est de rassurer le plus possible les parents et leur garantir que les conditions de sécurité et d'hygiène seront réunies pour que l'on puisse organiser cette rentrée le plus normalement possible, cela fait des mois qu'on y travaille."

Présent sur le plateau, Pierre Smeesters, chef du service de pédiatrie et infectiologue à l'HUDERF, confirme que le risque zéro n'existe pas. "Mais c'est quelque chose avec lequel je vis depuis que je suis pédiatre. C'est quelque chose avec lequel on doit tous apprendre à vivre."

Le médecin présente un graphique concernant les nouvelles hospitalisations à partir du 8 juin dernier, lorsque les enfants sont rentrés à l'école. "C'était l'école primaire et très peu l'école secondaire, donc il faut être nuancé dans ce qu'on dit. C'est probablement avec une ampleur d'enfants nettement inférieure avec ce qu'on fait maintenant. Ceci dit, tout s'est magnifiquement passé. Il n'y a pas eu d'augmentations des hospitalisations et l'effet réel qui a eu lieu plus tard, à partir du 15 juillet, est plus lié à un contexte de vacances."

Comment les autorités contrôlent-elles les enfants scolarisés à domicile ?

Laisser les parents se charger de l'enseignement de leur enfant ne signifie pas qu'on leur laisse faire n'importe quoi. De nombreux contrôles sont prévus afin que l'enfant ait le même niveau que ceux qui suivent l'enseignement des professeurs à l'école. C'est le Service général de l’Inspection qui est chargé du contrôle du niveau des études fixé par le loi. Celui-ci a lieu au moins l’année durant laquelle l'enfant atteint l’âge de 8 ans et de 10 ans, même si d'autres contrôles peuvent aussi avoir lieu.

En pratique, les parents reçoivent une convocation à un contrôle du niveau des études au minimum un mois à l’avance. Durant ce contrôle, l’enfant va réaliser quelques tests écrits et peut être amené à répondre à quelques questions posées oralement. Il s’agit également d’une rencontre avec les parents qui vont alors exposer la manière dont sont organisés les apprentissages de l’enfant.

L'enseignement à domicile ne dispense pas non plus l'enfant de passer les certificats d'étude comme les autres enfants. Il devra ainsi être bien préparé par ses parents pour réussir son CEB à 12 ans, son CE1D à 14 ans et CE2D à 16 ans.

Enfin, le Service d'Inspection vérifie aussi que l'enseignement à domicile ne devient pas un prétexte à endoctrinement d'idées extrémistes. Les parents ne peuvent ainsi pas prôner "des valeurs qui sont manifestement incompatibles avec la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales", dit la loi.

On l'aura compris, décider de s'occuper soi-même de l'enseignement de son enfant n'est pas une décision à prendre à la légère tant elle réclame de responsabilités et d'efforts.

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