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Wided et Ilona agressées en pleine journée dans un parc bondé: pourquoi personne n'a réagi?

Mardi, deux jeunes filles ont été agressées dans un parc gantois. Une histoire qui se répète malheureusement trop souvent. Les faits sont minimisés, personne ne vient à la rescousse pour les aider et personne ne s’inquiète de leur état après l’agression. Au commissariat, porter plainte est difficile et la première question posée lorsqu’on expose les faits est “Que portiez-vous comme vêtements?”

Wided Bouchrika et Ilona Lodewijckx piqueniquaient dans un parc bondé du centre de Gand mardi quand vers 21h, un homme arrive de nulle part, plaque Wided au sol et l’embrasse de force. La jeune femme se débat, mais personne dans le parc ne réagit, à part son amie Ilona. Cette dernière saisit une bouteille pour frapper l’agresseur, mais ce dernier ne se laisse pas faire et la frappe en retour. L’homme s’enfuit et n’a toujours pas été retrouvé.


"Les gens autour nous ont regardées, même après personne n’est venu nous demander comment ça allait"

Les deux jeunes femmes étaient invitées sur le plateau de l’émission présentée par Christophe Deborsu, C’est pas tous les jours dimanche et elles ont raconté leur mésaventure. "Ça a duré une minute, deux minutes, quelque chose comme ça, pas plus, mais quand même, il y avait assez de temps pour intervenir. Les gens autour nous ont regardées, même après personne n’est venu nous demander comment ça allait", a expliqué Wided. Les gens n’étaient pourtant qu’à quelques mètres d’elles et Ilona venait de se faire violemment frapper. Les deux jeunes femmes ont ensuite quitté le parc en état de choc et le long de la route, elles ont encore été la cible de remarques sexistes.

Wided et Ilona ont également été choquées par les questions de leur entourage après l’agression. "Que portiez-vous ?", ont-ils été nombreux à leur demander. Comme si un habit pouvait justifier une agression.


"L'effet témoin"

David Vandenbosch, psychologue spécialiste de la gestion du stress, a expliqué pourquoi les gens ne réagissent pas. "Il y a un effet qui a été étudié en psychologie sociale qui s’appelle "l'effet témoin". Il est dû à trois choses, plus le nombre de personnes qui est aux alentours est important, moins il y a de possibilités qu’on intervienne. Il y a un effet de dissolution de responsabilité, on remarque que si une personne est attaquée et qu’il n’y a qu’une seule personne, cette personne va se dire : ‘Si je n’interviens pas, personne n’intervient, donc c’est ma responsabilité. La culpabilité va l’amener à intervenir. Si par contre il y a deux personnes, on n’a déjà un pourcentage moindre, si maintenant on arrive à 10 personnes, on peut passer de 60% d’intervention à 2% d’interventions."

"Il y a une deuxième chose qui intervient c’est qu’on se dit : ‘Est-ce qu’elle est vraiment attaquée ? Est-ce qu’il y a vraiment un problème ?’, et la troisième chose, c’est l’effet de groupe, pour savoir si on va intervenir, on va se dire, en tant qu’être humain, 'Je vais voir si la personne à côté de moi intervient, si elle n’intervient pas, je vais me dire que ce n’est peut-être pas vraiment urgent'", a-t-il ajouté.

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