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"Ce n’était jamais que la 5ème manifestation nationale de l’Histoire de la Belgique!"

Dans l’émission On refait le monde, les chroniqueurs sont revenus sur la manifestation nationale de jeudi dernier. 110.000 ou 120.000 personnes dans les rues de Bruxelles. Auraient-ils été autant si les syndicats n’avaient pas payé le train, le repas et 30€ de compensation?
"Probablement oui", estime Michel Henrion, qui rappelle que "ceci est historique puisque ce n’est jamais dans l’Histoire de Belgique que la 5ème manifestation nationale. Donc elles sont rares." D’autant que ce qui est vu par certains comme un incitant à faire grève est vu par d’autres comme une compensation. "Les gens qui font grève ou qui vont à la manifestation  ne touchent pas leur salaire ce jour-là. Donc ils reçoivent 30€ plus un lunch box. Mais l’argent, les caisses de grève, c’est effectivement le nerf de la guerre."

Une caisse pour les travailleurs contre leur patron, pas pour manifester contre un gouvernement…

Un avis partagé en partie par Martine Dubuisson: "Il y a cette caisse des syndicats, un trésor de guerre, qui est le secret le mieux gardé du Royaume ou à peu près ; et c’est un peu normal puisqu’elle leur permet d’affronter des mouvements sociaux de longue durée ou d’une certaine ampleur. Je ne pense pas que c’est parce qu’on donne 10€ pour s’acheter un sandwich à Bruxelles que les gens vont manifester. Il y avait une autre motivation sinon il n’y aurait pas eu 110.000, 120.000 personnes. Mais c’est vrai que cette caisse est plutôt là pour pouvoir affronter des mouvements sociaux face à certains patrons sur la durée. Parce que des gens qui sont en grève 15 jours avec des salaires qui ne sont déjà pas élevés, tenir 15 jours sans salaire, ce n’est pas possible. Ici, ce n’est pas pour faire grève, mais pour manifester, donc l’impression peut être différente même si quand ils manifestent ils ne reçoivent pas leur salaire de leur boite parce qu’ils sont considérés comme en grève."

Autre question, cette manifestation a-t-elle été utile?

"On voit que cette manifestation a eu de l’effet. Par exemple au CD&V. Le chef de groupe à la Chambre a demandé qu’on trouve un dispositif pour vérifier que la diminution de charges sociales crée vraiment des emplois ou il faudra une taxe sur le capital", a estimé Michel Henrion. Mais ces petites concessions du parti le plus à gauche au gouvernement ne portent pas sur les principaux griefs du peuple dans la rue. "Dans le cortège, on voit bien qu’il y avait deux mesures principales mises en avant : le saut d’index et la pension à 67 ans. Deux mesures qui n’étaient jamais dans les programmes électoraux au mois de mai."

Aucune réelle marge pour la concertation sociale

Pour Martine Dubuisson, il ne faut pas se voiler la face. Oui, il y aura moyen de négocier en concertation sociale, mais pas de faire faire demi-tour au gouvernement. "Il dit qu’il y a une marge énorme de concertation, pas une marge de manœuvre. Parce que le gouvernement veut garder son cap. C’est plus dans l’application des mesures qu’il y aura un peu de marge. Prenons l’exemple du service minimum. Le gouvernement a déjà dit qu’il voudrait bien que les partenaires sociaux trouvent un accord pour instaurer d’une manière ou d’une autre un service minimum et s’ils n’y arrivent pas, et bien c’est moi qui le ferai. Donc il y a une marge de manœuvre pour l’application des mesures, la manière, mais soyons francs, elle n’est pas énorme. Maintenant, plus la contestation populaire et sociale sera forte, plus ils gagneront des choses."

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