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"Divines", César du meilleur premier film

"Divines", film explosif de la jeune réalisatrice Houda Benyamina, 36 ans, a remporté vendredi son deuxième César de la soirée, celui du meilleur premier film lors de la cérémonie diffusée en direct de la salle Pleyel sur Canal+.

L'épopée drolatique et finalement tragique de deux gamines de banlieue a séduit plus de 320.000 spectateurs et une grande partie de la critique. Le film a remporté la Caméra d'Or au dernier festival de Cannes, avant d'être nommé aux Golden Globes puis aux César.

Tout de rose vêtue, Houda Benyamina a promis de "ne pas faire long cette fois" et a remercié sa soeur, Oulaya Amamra, distinguée par le César du meilleur espoir féminin, "l'âme" de son film.

Houda Benyamina avait littéralement scotché le public au festival de Cannes en lançant "t'as du clito, mec", une réplique de "Divines", pour saluer l'audace du délégué général de la Quinzaine des réalisateurs qui avait sélectionné son film.

Dounia, qui vit à la dure avec sa mère volage dans un camp de roms, fait les 400 coups avec sa meilleure amie Maimouna, une grande fille noire au coeur d'or (Déborah Lukumuena). La première a la sauvagerie d'un chat écorché, la seconde cache sous ses kilos des trésors de tendresse.

Le film bourré d'énergie, véritable tragédie d'aujourd'hui, est porté par la joie de vivre et la rage mêlées d'Oulaya Amamra, la jeune soeur (20 ans) de la réalisatrice.

La réalisation très maîtrisée laisse place à de grands moments de poésie, comme lorsque les deux amies sont embarquées dans une virée imaginaire en voiture décapotable.

Houda Benyamina détourne les clichés de la banlieue avec malice. Son caïd est une fille, aussi délurée que cruelle.

Le film comprend aussi de magnifiques scènes de danse, lorsque Dounia observe en cachette le danseur dont elle est amoureuse en train de s'entraîner.

La drogue, la pauvreté et la solitude sont omniprésentes dans le film mais sans aucun misérabilisme ou discours social. C'est plutôt la "colère", que revendique la réalisatrice, avec un sentiment d'injustice poignant.

"A l'origine du film, il y a eu les émeutes de 2005, que j'ai vécues de l'intérieur", avait-elle expliqué à Cannes.

Elle n'a pas renoncé à changer le monde avec le cinéma: elle a fondé en 2006, une association, 1.000 visages, qui forme des jeunes des quartiers aux métiers du cinéma. "J'ai fondé l'association car je trouvais le cinéma blanc, bourgeois et misogyne", avait expliqué Houda Benymina.

"Divines" a employé une vingtaine de jeunes formés par 1.000 visages, devant ou derrière la caméra.

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