Accueil Actu

"Egon Schiele" : le peintre vu par les femmes de sa vie

Découvrir Egon Schiele à travers le regard de ses modèles : par ce prisme original, le réalisateur autrichien Dieter Berner tente dans un film ambitieux, mercredi en salles, de décrypter la personnalité complexe du peintre autrichien mort à 28 ans.

Au début du XXe siècle, Egon Schiele, créateur sulfureux rapidement célèbre, peint et dessine de nombreux nus de femmes. Fasciné par la mort et l'érotisme, ses toiles explorent de nouvelles positions des corps, avec un style reconnaissable entre tous.

"J'ai voulu montrer Egon Schiele vu par les yeux de cinq personnes différentes", a expliqué Dieter Berner à l'AFP, et "mettre en évidence les aspects de sa vie qui nous aideraient à comprendre ses œuvres. Pour moi, il s'agit de son rapport particulier à la sexualité et de ses relations peu conventionnelles avec ses modèles".

De sa sœur et premier modèle Gerti à son épouse Edith, en passant par Wally, son amante de toujours, Schiele se dévoile effectivement au gré de sa relation avec les femmes.

Dieter Berner ("Tatort", "Le Septième continent") s'est inspiré du roman de son ex-femme Hilde Berger, avec qui il a co-écrit le script.

Le roman était initialement découpé en cinq parties, correspondant aux cinq modèles : jouant avec de nombreux flashbacks, l'adaptation a nécessité deux ans de travail, sur les cinq ans et demi consacrés au projet.

- En attendant Kokoschka -

Le réalisateur prépare déjà un nouveau film sur un autre grand peintre autrichien, Oskar Kokoschka. "Faire un film sur un artiste, en tant qu'artiste, c'est très intéressant. Car on s'intéresse au biotope, à l'influence de l'environnement de l'artiste sur son œuvre. Les modèles de Schiele influençaient ses peintures. Moi ce sont les acteurs qui modifient mes films".

A l'approche du centenaire de la mort de Schiele, décédé en 1918, Dieter Berner voulait d'autant plus revenir sur sa personnalité qu'il se dit "globalement déçu" par les autres films sur le jeune artiste. Même le "Egon Schiele, enfer et passion" de l'autrichien Herbert Vesely, au casting pourtant alléchant (Mathieu Carrière dans le rôle de Schiele, Jane Birkin dans celui de Wally) ne trouve pas grâce à ses yeux.

"Le film nous apprend plein de choses, mais ne transmet pas d'émotions. Mathieu Carrière n'est pas très convaincant : il incarne un personnage intéressant, mais qui ne colle pas vraiment avec la personne de Schiele", estime le réalisateur.

Pour incarner son Schiele, "la flamme", "celui qui brûlait sa vie" avec plus de 200 tableaux et un millier de dessins à son actif, Berner recherchait un acteur juvénile. "C'était très important de montrer au public à quel point ce génie était jeune lorsqu'il a réalisé ses plus belles pièces".

Après un an de casting, il a jeté son dévolu sur Noah Saavedra, 22 ans à l'époque, sans formation de comédien. Pour son premier grand rôle au cinéma, le jeune homme livre une interprétation délicate du personnage pétri de contradictions. Sans toutefois crever l'écran.

À la une

Sélectionné pour vous