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"El Baile", une histoire populaire de l'Argentine à travers la danse

Dans "El Baile", crée dimanche soir à Montpellier Danse, la chorégraphe Mathilde Monnier et l'écrivain Alan Pauls, entendent retracer à travers la danse l'histoire populaire de l'Argentine des années 1970 à nos jours.

Talons vertigineux et tenues qui dévoilent les corps et les désirs, mouvements énergiques et drolatiques: les 11 danseurs évoquent avec nostalgie et humour des chansons, musiques et rythmes qui ont marqué les Argentins depuis les années 1970, et notamment le coup d'Etat de 1976 et le Mondial de Foot de 1978.

Samba, cumbia, techno, rock, rap, hip hop ou chamamé sont évoqués avec brio. Le tango aussi bien sûr, mais uniquement à la fin, comme un retour aux sources: un couple commence à danser, mais est bientôt rejoint par la dizaine d'autres danseurs, formant une élégante chaîne ou "chenille" de tango, qui brouille tous les codes et sera finalement menée par une femme.

Une unité de lieu, la salle de bal, une absence de texte parlé et la volonté de raconter l'histoire d'un pays à travers sa danse et les expériences singulières des danseurs, les deux auteurs de "El Baile" ont repris l'idée de la pièce culte créée en janvier 1980 par le metteur en scène Jean-Claude Penchenat et la compagnie du théâtre du Campagnol.

"Le Bal", qui racontait l'histoire de la France de la Libération aux années 1980, avait ensuite été porté au cinéma par le réalisateur italien Ettore Scola.

Mathilde Monnier et Alan Pauls ont pour leur part situé leur projet en Argentine, plus particulièrement à Buenos Aires, un pays et une ville dans lesquels la danse a laissé une profonde empreinte.

Les auteurs entendent ainsi, dans cette pièce notamment co-produite par le Teatro San Martin de Buenos Aires, "explorer les mythologies argentines" et évoquer "les générations perdues".

"Il nous appartient dans cette nouvelle pièce d'aborder l'histoire d'un pays non à partir de la grande Histoire des évènements mais plutôt de mettre en scène ce que l'histoire ne retient pas, ce qu'elle ne montre pas, ce qu'elle oublie", explique Mathilde Monnier,chorégraphe née en 1959 dont la carrière internationale se caractérise par un constant renouvellement.

Il s'agit, dit la chorégraphe qui a crée une quarantaine de pièces, de ne pas "raconter l'Histoire mais exprimer ce que l'Histoire fait aux corps".

On peut regretter à cet égard une évocation assez peu lisible de la dictature et de la torture qui ont pourtant profondément marqué la période évoquée dans cette pièce, pourtant très applaudie dimanche soir à l'Opéra Comédie de Montpellier.

Travaillant notamment sur le mouvement, le rapport à la musique et à la mémoire, Mathilde Monnier a dirigé le Centre chorégraphique de Montpellier. Depuis janvier 2014, elle est à la tête du Centre national de la Danse à Pantin.

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