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"Exodus: Gods and Kings": des dieux, des rois, des effets spéciaux, mais peu d'humanité

Après Noé et son déluge au printemps, Hollywood met en scène Moïse, libérateur du peuple hébreu, dans "Exodus: Gods and Kings" de Ridley Scott, en salles mercredi. Une superproduction spectaculaire truffée d'effets spéciaux, avec un exode, des dieux et des rois, mais peu d'émotion.

Raconter dans son intégralité l'épopée de Moïse, personnage clé dans les trois religions monothéistes, aurait donné un film de 15 heures, notait récemment le réalisateur britannique, de passage à Paris.

Il a choisi de resserrer l'histoire autour de Moïse adulte. Pas de berceau en osier confié aux eaux du Nil. Quant aux 40 années d'errance dans le désert, après le passage de la mer Rouge, elles sont expédiées en deux scènes finales.

Moïse a été élevé avec le fils du pharaon, futur dirigeant auquel Ridley Scott donne le nom de Ramses II (en réalité, les exégètes et spécialistes de la Bible hésitent quant au nom du pharaon). C'est un notable de la cour d'Egypte, uni par une amitié fraternelle, teintée de rivalité, au prochain maître du pays.

Mais comme dans la Bible, une fois son identité dévoilée et son appartenance au peuple hébreu révélée, il est chassé dans le désert, où il prend femme et devient berger. Après l'épisode du buisson ardent, par lequel Dieu l'appelle, il décide de retrouver le peuple hébreu, esclave des Egyptiens, pour le guider vers la Terre promise.

"Moïse est devenu un symbole de salut et de révolution. C'était un libérateur. De l'archétype du collaborateur au sein d'un empire, il se transforme en victime puis en guide" de son peuple, a déclaré Christian Bale, qui incarne le prophète, lors d'une conférence de presse à Paris.

"C'est un personnage très humain, complexe et parfois contradictoire. C'est pour cela que (cette) histoire nous touche tous", a-t-il ajouté. Dans des entretiens à la presse américaine, l'acteur estimait que Moïse était "probablement schizophrène et l'un des personnages les plus barbares qu'(il) ait jamais rencontrés dans (ses) lectures".

- Fleuve de sang, peste et furoncles -

L'acteur de 40 ans a dit avoir vu, avant de tourner, "Les dix commandements", le péplum réalisé en 1955 par Cecil B. DeMille, avec Charlton Heston dans le rôle de Moïse. Un acteur qu'il a trouvé "imposant" dans ce film. "J'ai pensé que je ne pouvais pas faire ça", a indiqué en riant le Britannique.

Il a avoué avoir surtout regardé "La vie de Brian" (1979) des Monty Python, une satire religieuse, et "La folle histoire du monde" (1981), une comédie de Mel Brooks, une manière, selon l'acteur, de respirer un peu face à un personnage aussi dense que Moïse.

"Exodus" s'appuie sur les liens entre les deux frères de lait, Moïse et le fils du pharaon (l'acteur australien Joel Edgerton), d'abord complices puis ennemis.

Ridley Scott ("Alien", "Blade runner", "Kingdom of Heaven", "Gladiator"...) est très à l'aise dans les scènes grand spectacle - le film est en 3D -, comme la bataille contre les Hittites au début du film, ou les dix plaies d'Egypte, envoyées par Dieu lorsque le pharaon refuse de libérer les Hébreux.

Le Nil transformé en fleuve de sang, l'invasion des grenouilles, des mouches et des sauterelles, les animaux qui meurent de la peste, les visages des Egyptiens dévorés par les furoncles permettent à Ridley Scott de prouver son talent.

Mais il est moins convaincant lors des scènes intimistes. Les femmes jouent les plantes vertes et l'émotion peine à percer dans la relation entre Moïse et Pharaon, ou dans les tiraillements que le prophète ressent à l'appel de ce Dieu implacable et exigeant.

Pour représenter Dieu, qui selon la Bible s'adresse à Moïse, le réalisateur a choisi un enfant d'une dizaine d'années, intransigeant et souvent cruel, au ton ne souffrant aucune réplique. Une idée qui, in fine, marche plutôt bien.

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