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"Fidélité", "grande liberté d'interprétation": le Valérian de Besson vu par ses créateurs

"Luc Besson s'est approprié nos personnages", se réjouit le dessinateur de "Valérian", Jean-Claude Mézières qui apprécie que le cinéaste soit resté "fidèle" à l'esprit de la BD, créée il y a 50 ans avec Pierre Christin, tout en saluant sa "grande liberté d'interprétation".

"Valérian", le film le plus cher tourné en France (sortie le 21 juillet aux Etats-Unis, le 26 en France), fut d'abord une grande série de bande dessinée dont les 23 albums se sont écoulés à plus de 5 millions d'exemplaires dans le monde.

Le film baptisé "Valérian et la Cité des mille planètes" s'inspire, contrairement à ce que laisse supposer son titre (il existe un album intitulé "L'empire des mille planètes"), de l'album "L'ambassadeur des ombres" (le 7e de la série).

"+L'ambassadeur des ombres+ est l'un des albums matriciels de Valérian", explique Pierre Christin, le scénariste de la plus célèbre série de science-fiction de la BD française, rencontré par l'AFP avec son complice Jean-Claude Mézières dans son atelier parisien.

"C'est logique et bien vu que Luc Besson ait choisi précisément cet album pour faire son premier film même s'il a acheté les droits d'autres titres", dit le scénariste qui aura 79 ans fin juillet.

Si le film est un succès, Besson envisage de réaliser un ou deux autres "Valérian".

La série se caractérise par son approche humaniste, assez rare dans le domaine de la science-fiction. Les "Aliens" n'y constituent pas une menace pour l'humanité, au contraire. Selon Mézières et Christin, le film respecte "les valeurs humanistes et anti-racistes" de la BD même "s'il est spectaculaire avec beaucoup de pyrotechnie et de la castagne".

Christin et Mézières ont été parmi les premiers à qui le film a été montré avant sa sortie.

"Je redoutais un peu que ça puisse ressembler à un film de science-fiction américain avec le combat entre le Bien et le Mal qui se termine comme toujours avec la victoire du Bien. Eh bien là, non!", se félicite Pierre Christin qui a travaillé avec des dessinateurs comme Enki Bilal, Annie Goetzinger ou Jacques Tardi.

- 'Un de nos petits lecteurs' -

"Il n'y a pas de hiatus grossier entre le film et notre série qui nous ferait dire: +Mais on n'a jamais raconté un truc comme ça ou on n'aurait jamais fait ça+", confirme Jean-Claude Mézières, 78 ans, qui avait déjà travaillé avec Luc Besson sur les décors du film "Le cinquième élément".

Ni Christin, ni Mézières n'ont été associés à l'écriture du scénario ou à l'élaboration des décors. "Ce qu'il y a de bien avec Besson, c'est qu'il a été un de nos petits lecteurs à 10/11 ans et qu'on n'a pas besoin de lui expliquer ce qu'est Valérian. Il a compris", souligne Jean-Claude Mézières.

"Je ne suis pas persuadé que cela aurait été une bonne chose que je sois amené à travailler au scénario", admet Pierre Christin. "Je n'ai jamais eu le goût de travailler sur des choses que j'avais déjà faites".

Jean-Claude Mézières ne regrette pas non plus de ne pas avoir été consulté pour les décors ou les costumes. Les décorateurs et responsables des costumes "se sont beaucoup appuyés sur les bouquins mais ils ont fait une transposition", explique le dessinateur.

Le scénariste se souvient avoir eu "des réticences" à l'idée que Cara Delevingne puisse incarner sa Laureline, la compagne "non conventionnelle" de Valérian.

"Des mannequins qui sont devenues des bonnes actrices il n'y en a pas des tonnes", dit-il avant de reconnaître que le jeu de la comédienne l'a finalement impressionné. "Cara Delevingne avait envie d'être actrice et le devient dans ce film".

"On a toujours eu envie d'une adaptation au cinéma", disent en chœur les deux hommes tout en reconnaissant qu'"une bonne BD ne donne pas forcément un bon film". Mais, souligne Christin dans un éclat de rire, "on espère qu'une bonne BD fera un très bon film".

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