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"Grande-" de Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel rebat les cartes du cirque

En deux heures menées à un train d'enfer, Vimala Pons, 30 ans, et Tsirihaka Harrivel, 34 ans, rebattent les cartes du cirque dans "Grande -", spectacle ovni présenté au Centquatre à Paris avant une tournée.

Un bric-à-brac impressionnant occupe toute la largeur du plateau: baffles géants, claviers et instruments de musique, frigo, mannequin dénudé, sans parler d'un toboggan géant et des filins qui pendent des cintres, annonciateurs d'acrobaties diverses.

Le duo s'est rencontré en 2005 au Centre national des arts du cirque de Châlons-en-Champagne. Lui est né à Tananarive d'un père malgache et d'une mère française institutrice. Elle est née en Inde de parents tentés par l'aventure.

On a vu Vimala Pons au cinéma, belle à tomber et loufoque à souhait chez Bruno Podalydès ("Comme un avion") et surtout chez Antonin Peretjatko, en "Tarzan" ou en "Truquette" dans "La Loi de la jungle" et "La Fille du 14 juillet".

Au cirque, ils ont fait partie du spectacle "De nos Jours" du collectif Ivan Mosjoukine, qui déjà, bousculait les codes du cirque.

"Grande -" s'affiche comme une "revue", avec sa succession échevelée de numéros tous plus surprenants les uns que les autres.

"Le cirque est pour nous comme un langage, dans une poésie faite du montage de fragments situés aux antipodes les uns des autres", explique Vimala Pons.

Si le titre comporte un tiret ("Grande -"), c'est que c'est "un spectacle à compléter soi-même par sa vie de spectateur en quittant la salle".

- Strip-tease et lancer de couteaux -

Ça démarre avec un effeuillage pas comme les autres, où Vimala dévoile toutes les figures possibles de la femme, de la mariée en robe blanche pièce montée à la ménagère aux gants de plastique en passant par le sex symbole, et pour terminer complètement à poil. Mais pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté ni de jaloux, Tsirihaka se promènera aussi dans le plus simple appareil sur le plateau un peu plus tard.

Ces deux-là se partagent la scène avec une équité parfaite, elle dans un tourbillon exubérant, lui plus introverti mais tout aussi efficace. Dans la vraie vie, ils habitent chacun leur péniche, après avoir pratiqué la caravane en saltimbanques à Châlons-en-Champagne.

Du cirque, ils ont gardé l'amour des prouesses physiques: Vimala porte sur la tête les objets les plus extravagants, de la poutre en bois à la colonne antique, et Tsirihaka glisse à toute vitesse sur le toboggan géant. Rien n'est gratuit: si elle porte, c'est qu'elle "supporte" les émotions de la vie, et s'il glisse, c'est qu'il "chute" au fil de ses désillusions.

Au fil des numéros, c'est notre vie d'aujourd'hui qu'ils racontent, les disputes amoureuses, les déceptions, la politique. Rien n'est gratuit. Lorsque Tsirihaka fait du lancer de couteau, on entrevoit une seconde Poutine et Trump dans la cible. Lorsque Vimala porte sur la tête une machine à laver, c'est pour donner la parole à une infirmière "lessivée" par le boulot.

Tendre et gai, cruel et triste, le spectacle explore toute la gamme des émotions sans un temps mort. Le public sort ravi et ... lessivé.

"Grande-", jusqu'au 26 janvier au Centquatre puis à Lille, Caen, au Monfort (Paris) avec le Théâtre de la Ville du 18 avril au 6 mai, à Strasbourg, Bonlieu et Lyon.

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