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"Mise à mort du cerf sacré": une tragédie gore sous le soleil américain

Deux ans après "The Lobster" (prix du jury à Cannes en 2015), allégorie terrifiante sur le couple et le célibat, le réalisateur grec Yorgos Lanthimos plonge les spectateurs dans un nouveau cauchemar avec "Mise à mort du cerf sacré", en salles mercredi.

Plus dérangeant que jamais, son cinquième film, le deuxième en anglais, tourné en partie aux Etats-Unis, s'ouvre sur une opération à coeur ouvert.

Steven, un brillant chirurgien (joué par un Colin Farrell barbu), prend sous son aile un adolescent perturbé, dont le père est mort des années plus tôt sur sa table d'opération.

Une incertitude plane sur la nature de leur relation. Le film bascule vers le thriller horrifique quand l'adolescent, joué par l'inquiétant Barry Keoghan (vu dans "Dunkerque" de Christopher Nolan), annonce qu'il cherche à se venger du chirurgien et lui intime de choisir lequel de ses proches va mourir.

S'agit-il d'un sort ? d'une prophétie ? Aucune explication ne sera donnée.

L'adolescent va détailler par le menu comment les choses vont se passer, face à un Steven médusé. C'est alors que le fils du médecin développe une forme de paralysie.

Le processus s'enclenche: Steven va devoir choisir qui sacrifier, entre sa femme Anna, une ophtalmologue de renom interprétée par Nicole Kidman, et ses deux enfants.

Avec son sujet digne d'une tragédie grecque, sa musique stridente et entêtante comme dans certains Hitchcock et une mise en scène esthétisante, parfois gore, "Mise à mot du cerf sacré" a suscité des réactions très contrastées à Cannes où il était en compétition.

Signe qu'il ne laisse personne indifférent, il a à la fois été applaudi et hué, avant de remporter le prix du Scénario ex-aequo avec "A beautiful day" de Lynne Ramsay.

C'est une "version intello prétentieuse et quand même cheap de +L'Exorciste+" , estimait alors Télérama tandis que Le Figaro y voyait une "surprenante tragédie grecque dissimulée sous le vernis d'un film d'horreur à la Hitchcock".

Certains l'ont aussi comparé aux "Funny Games" de Michael Haneke, même si l'esthétique n'a rien à voir avec le scalpel de l'Autrichien, qui a remporté deux Palmes d'or.

Pas de controverse en revanche sur l'interprétation habitée de Colin Farrell, médecin à la réussite sociale éclatante, plongé dans un cauchemar, et celle de Nicole Kidman, troublante.

"A ce stade de ma vie, j'essaie simplement de rester audacieuse et ouverte, et de soutenir des réalisateurs dans lesquels je crois", avait déclaré l'actrice australienne à Cannes.

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