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"The Joshua Tree", l'album avec lequel U2 a conquis l'Amérique

"The Joshua Tree", dont U2 célèbre les 30 ans par une tournée internationale de passage au Stade de France mardi et mercredi, est l'album avec lequel le quatuor irlandais a conquis l'Amérique, avant de devenir l'un des plus grands groupes de rock du monde.

Le chanteur Bono et ses acolytes - le guitariste The Edge, le bassiste Adam Clayton et le batteur Larry Mullen Jr - ont vendu 30 millions d'exemplaires de ce disque sorti le 9 mars 1987, gorgé de pépites comme "With Or Without You" ou "Bullet The Blue Sky"...

Avant de se lancer dans ce 5e album, le groupe né à la fin des années 70, est déjà "devenu le plus populaire du post-punk", rappelle Michka Assayas, journaliste à France Inter et auteur du livre "Bono par Bono" (2005).

Il rêve de conquérir les Etats-Unis. "Cette obsession ne les a jamais quittés depuis la première fois qu'ils y ont posé un pied en 1981, pour la promotion du premier album +Boy+", selon Christian Eudeline, auteur de "U2", un livre à paraître à la rentrée qui décrypte la discographie du groupe.

"Les quatre Irlandais ont alors tout fait pour composer des chansons plus solides", dit Assayas. "Ils sont allés à Memphis, visiter les studios Sun, rencontrer Johnny Cash, étudier le blues, la country. Ils sont retournés sur les bancs de l'école."

Avec pour maîtres, deux producteurs de génie, Brian Eno et Daniel Lanois.

"Pendant l'enregistrement, ils s'emmêlaient les pinceaux sur +Where The Streets Have No Name+. Eno était là, avec une baguette, à montrer à chacun, sur un tableau, à quel moment il fallait changer de partie à jouer", selon Assayas.

Dans ses textes, l'album, qui devait initialement s'intituler "The Desert Songs: The Two Americas", est ambivalent vis à vis des Etats-Unis. Entre déclaration d'amour et dénonciation.

- "Côté reporter" de Bono -

"Bono a un côté reporter. Il s'est dit qu'il ne pouvait pas parler de ce pays sans évoquer la réalité constatée lors de concerts donnés dans des villes de l'Amérique profonde. Là où les mines fermaient, où sévissait la dépression pendant le second mandat de Ronald Reagan", explique Assayas.

"Bono va aussi dans les pays pauvres. L'Ethiopie lui inspire +Where The Streets Have No Name+. Au Salvador, au Nicaragua, il réalise que si ces pays souffrent, c'est parce que les Etats-Unis y sont pour quelque chose. D'où +Bullet The Blue Sky+" évoquant l'impérialisme américain, renchérit Eudeline.

"The Joshua Tree" tient son nom de l'arbre immortalisé au verso de la pochette. Son emplacement dans le parc national de Joshua Tree, en Californie, a longtemps été gardé secret. Mais cela ne l'a pas empêché d'être coupé en 2000, après avoir été attaqué par un vandale à la tronçonneuse.

Le disque reste deux mois en tête du classement des meilleures ventes. Le groupe fait la une de Time Magazine, un honneur que seuls les Beatles et les Who avaient eu auparavant.

Plus que l'Amérique, U2 a conquis le monde. "Ils n'étaient pas totalement préparés", estime Assayas. "Le groupe était certes ambitieux, voulait réussir, mais ce statut de rock-star était l'inverse de ce qu'ils voulaient être."

Bono, qui porte alors les cheveux mi-longs, devient "copain avec les politiques", relève Eudeline. "Il sort un peu de son rôle de chanteur. Larry et The Edge préfèrent en sourire, mais ça les irrite un peu."

Depuis, Bono est demeuré cette rock star mondiale. Mais faire revivre sur scène "The Joshua Tree", dans cette tournée anniversaire aux Etats-Unis et en Europe, doit lui permettre de vérifier à quel point le propos du disque restent pertinents en 2017.

"La situation économique aux États-Unis et ce que les jeunes Américains vivent sous l'ère Trump est semblable à ce que leurs parents ont vécu" à l'époque de Reagan, estime Assayas.

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