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"Whiplash": un film sur la musique qui frappe comme un film de guerre

Un film sur la musique tourné comme un film de guerre: "Whiplash", apprentissage d'un jeune batteur de jazz du conservatoire de Manhattan sous la férule d'un professeur tyrannique, a emballé la critique aux Etats-Unis, qui le cite comme l'un des favoris aux Oscars.

Le film de Damien Chazelle, dans les salles mercredi, a déjà remporté les grands prix du festival de Sundance en janvier et de Deauville en septembre.

Andrew Neyman (Miles Teller) a 19 ans et étudie la batterie dans la meilleure école de musique de New York. Il est repéré par Terence Fletcher (J. K. Simmons), professeur despotique pourtant vénéré par les élèves car il passe pour être le meilleur.

Depuis sa sortie sur les écrans américains à l'automne, la cote de ce film ne cesse de grimper. Et J.K. Simmons, second rôle marquant du cinéma et de séries télévisées ("Oz" ou "New York, police judiciaire"), est cité parmi les favoris pour l'Oscar du meilleur acteur grâce à sa composition de professeur tour à tour terrifiant et enjôleur, qui place ses élèves -et les spectateurs- dans un état de tension permanent.

Damien Chazelle, metteur en scène américain, francophone par son père, a été batteur dans sa jeunesse. "Il existe beaucoup de films sur la joie que procure la musique. Mais en tant que jeune batteur d'un orchestre de jazz dans un conservatoire, je ressentais bien plus souvent de la peur", déclare-t-il. Peur de rater une mesure, de perdre le tempo du chef d'orchestre.

"J'ai voulu faire un film sur la musique mais qui ressemble à un film de guerre ou de gangsters, où les instruments remplacent les armes, où les mots blessent autant que les balles", ajoute-t-il.

- Un feu d'artifice -

Le film suit à la loupe la relation entre Neyman et Fletcher, un perfectionniste qui demande à ses étudiants de tout donner pour leur art.

L'étudiant idéalise le batteur de jazz légendaire Buddy Rich et ressasse une anecdote sur le saxophoniste mythique Charlie Parker, qui aurait reçu une cymbale en pleine tête après avoir raté un solo. Humilié, il travaille comme un fou et revient sur scène en étant le meilleur.

Le jeune batteur se fait rapidement une place dans le groupe de musique du conservatoire, à force de larmes, de mains en sang et de sueur. Une obsession pour son art qui le coupe du monde extérieur, y compris de sa petite amie et de son père.

"Nous avons exploré les extrêmes de la maltraitance psychologique et émotionnelle", explique à l'AFP J.K. Simmons. Le personnage d'Andrew démarre avec une bonne dose d'ambition, qui va s'amplifier au contact de son mentor. Il devient aussi obsédé que lui, "et alors, c'est le feu d'artifice", ajoute l'acteur.

La confrontation culmine lors d'une scène de concert infernale dans le prestigieux théâtre Carnegie Hall, où prend tout son sens le jeu de mots du titre, "Whiplash": un coup de fouet en anglais, mais aussi un standard de jazz avec un rythme inhabituel.

Nul besoin d'apprécier le jazz pour être happé par le film, qui multiplie les codes des films de guerre: professeur digne du sergent-chef de "Platoon", sang, sueur et coups, entraînements jusqu'à l'épuisement, terreur, oppression et révolte.

Damien Chazelle pose avec ce film une question morale: "Si nous acceptons parfois que des moyens terribles mènent à de bons résultats, cela signifie-t-il que la fin justifie les moyens?", déclare-t-il à l'AFP.

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