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12 avril 1965: le mariage de Johnny et Sylvie raconté par l'AFP

Le mariage de Johnny Hallyday, 22 ans, et Sylvie Vartan, 21 ans, le 12 avril 1965 à Loconville, dans l'Oise, souleva l'enthousiasme des fans. Voici le reportage que l'AFP réalisa sur les noces du couple star des yéyés.

Le mariage de Johnny Hallyday et de Sylvie Vartan

LOCONVILLE, 12 avril 1965 (AFP) - C’est au milieu d’une cohue invraisemblable, dans la minuscule salle d’école de Loconville, hérissée d’antennes et de câbles, et emplie d’une centaine de représentants de la presse française et étrangère, que le maire de la commune, M. Dominique Coisne, 34 ans, a recueilli à 11 heures ce matin, le « oui » des deux plus célèbres nouveaux époux d’avril, Johnny Hallyday et Sylvie Vartan.

Assis sur des chaises de bois blanc, face au tableau noir de leur enfance, les deux jeunes idoles semblaient très émues par cette agitation, lorsqu’elles prononcèrent, tour à tour, d’une voix à peine audible, le "oui" traditionnel.

Prévue à 10h30, la cérémonie civile commença avec 25 minutes de retard. On crut même, un moment, tant la foule était dense et enthousiaste, qu’il allait falloir y renoncer.

Devant la mairie, 1.500 personnes environ –cultivateurs en bourgeron (blouse, ndlr) mêlés aux commandos « yéyé » de la capitale- piétinaient d’impatience dans le froid et la boue depuis les premières heures de la matinée.

Devant le manoir de Gagny, le château de Sylvie, il y en avait presque autant. Suivies par des bandes d’enfants, chantant et gambadant, les six voitures sport du cortège abordèrent à 10h30 les premières maisons du village, distantes d’un kilomètre environ du château. A leur arrivée sur la petite place de l’église, ce fut du délire et bientôt les képis des gendarmes eux-mêmes, eurent du mal à émerger de la foule qui avait rompu sans peine leur fragile barrage.

Des curieux étaient juchés sur le capot et sur le coffre de la voiture de Sylvie (une grosse « américaine »), bloquée à quelques mètres de la mairie.

Enfin, on réussit à ouvrir la porte de la voiture et l'apparition de la frêle silhouette de Sylvie, toute blonde dans sa capeline de dentelle et sa robe de style directoire, déchaîna les ovations. Il fallut la soulever, la porter pour l’arracher à ses admirateurs et, à chaque pas, elle manqua d'être étouffée. On ne savait plus si elle criait de joie ou de terreur.

Lorsqu’elle pénétra dans la mairie, Sylvie dut s’appuyer un moment contre un mur pour reprendre souffle et essuyer furtivement des larmes d’émotion.

Cinq minutes plus tard, après que l’arrivée de Johnny eut déclenché le même raz-de-marée, on ferma à grand peine grilles et portes et la cérémonie peut enfin commencer.

Pendant la cérémonie civile, Johnny Hallyday, mince et très digne dans sa redingote, avait les pommettes rosies d’un premier communiant.

Quand M. Coisne déclara mariés les deux jeunes gens, ce fut dans la salle une bruyante ovation de tous les parents et amis du couple : M. et Mme Vartan, les cinq castors, "copains" de toujours, les témoins dont Jean-Marie Périer, fils de François, Bruno Coquatrix, venu en ami, aussi bousculé que lors d’une grande première.

Après la signature du registre Sylvie embrassa longuement son mari et cacha sur son épaule ses yeux embués de larmes.

"Jamais, a dit Johnny un moment plus tard, je n’ai été aussi ému".

Sur le perron de la mairie, la bousculade recommence et les jeunes mariés doivent fuir à travers champs pour retrouver leur voiture et gagner l’église, distante de quelques mètres seulement.

Sur le toit et sur le capot du véhicule les amis du couple ont à nouveau pris place. Bloquée par la mêlée, stoppée à plusieurs reprises, l’automobile ne peut avancer qu’au pas. Un "copain" s’effondre, il est piétiné et c’est miracle qu’il n’y ait pas d’accident.

Après cette agitation, le calme de l’église dont la porte a été condamnée fait contraste.

Derrière la petite mariée en blanc et son prince charmant quatre fillettes et un garçonnet en costume de velours noir, dans un coin, les amis invités : les comédiennes Pascale Audret et Elga Andersen, près des parents de Sylvie loin, douze jeunes filles de deux villages voisins aux noms champêtres, Fay-les-Etangs et Fleury, chantent le "Veni Creator" puis le "Kyrie" de la messe des anges.

Sylvie avait demandé que le mariage fût célébré par le Père Jean Zupan, qui l’avait baptisée.

Lors de l’échange des alliances, Sylvie est aussi troublée qu’à la mairie et quand Johnny passe l’anneau à son doigt elle écrase une nouvelle larme.

Quand la chorale des douze jeunes filles commence à chanter "Bénissez les jeunes époux", journalistes et photographes se retirent sur la pointe des pieds pour permettre aux jeunes mariés de connaître l’espace d’un instant le recueillement et la simplicité de la cérémonie intime qu’ils espéraient.

Mais quelques minutes plus tard, à la sortie, c’est de nouveau la cohue: jeunes gens, certes, en majorité, mais aussi vieilles dames « indignes » qui avaient saisi le prétexte d’accompagner un petit fils…

Sains et saufs, Johnny et Sylvie ont enfin gagné la grande maison des Vartan pour fêter leur hyménée avec leurs seuls amis.

Au menu du repas de mariage : truites en gelée, jambon de Bayonne et d’York, caviar, filet de bœuf en brioche, fonds d’artichauts, petits fours, ananas à la crème.

"Nous partons ce soir pour une dizaine de jours de lune de miel, a déclaré Johnny, à l’étranger, mais je ne veux pas vous dire où".

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