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A Avignon, la "Fiesta" du Sévillan Israel Galvan dans la Cour d'honneur

Israel Galvan, qui fait "la Fiesta" dans la Cour d'honneur à Avignon, dans le sud de la France, à partir de dimanche soir, est un artiste à part dans le monde du flamenco, où il a imposé son style exigeant, parfois rude, à mille lieues de l'image d'exotisme attachée à la danse andalouse.

Galvan, 44 ans, est tombé tout petit dans la marmite du flamenco: fils de deux danseurs, José Galvan et Eugenia de los Reyes, il dansait déjà enfant dans les "tablaos", ces cabarets andalous où se produisaient ses parents.

Très vite repéré comme un danseur hors pair, il décide d'écrire son propre langage, et bientôt s'attire les critiques des puristes, attachés à la tradition.

Tradition qu'il ne récuse nullement, lui empruntant ce que bon lui semble comme pour cette "Fiesta", qui désigne à la fois "le final du spectacle flamenco, mais aussi les fêtes de Séville, la Semaine sainte, la corrida, la foire d'avril", a-t-il expliqué lors d'un point presse la veille du spectacle.

"La fête est synonyme d'ensemble, de groupe, d'émotion. Il y a aussi la fiesta entre les artistes après le spectacle, dans l'arrière salle des tablaos. Mon intention est d'inviter le public à regarder par le trou de la serrure cette fête intime".

Ses deux derniers spectacles, "Fla.co.men" (2016) et cette "Fiesta", témoignent en tout cas d'un retour à une humeur plus joyeuse du chorégraphe, auteur de spectacles très graves dans le passé, comme "Le Réel" où il abordait le génocide des tziganes par les nazis.

En marge de ce spectacle donné en 2013 au Théâtre de la Ville à Paris, il était allé danser dans un campement de roms en banlieue parisienne, "pour se confronter au réel", disait-il.

"Je tente de me renouveler à chaque spectacle", a-t-il souligné samedi. "Mon corps change, et j'ai envie de continuer de danser, alors j'emporte avec moi le cristal de chaque oeuvre, mais c'est une question de survie pour moi d'évoluer."

- Un feu intérieur -

Pour "La Fiesta", le chorégraphe s'est entouré de danseurs et de musiciens d'horizons différents, alors qu'il danse pour la plupart du temps seul.

"J'essaie de les voler, de les vampiriser, de m'approprier leurs gestes, leur style, et j'espère qu'ils en font autant avec moi", dit-il en souriant.

A coté d'El Junco, danseur traditionnel, mais aussi chanteur, pianiste, "palmero" (percussions des mains), il y aura la gitane Uchi, la chanteuse tunisienne Alia Sellami, le musicien Niño de Elche, le danseur couvert de prix Ramòn Martinez, et Eloisa Cantòn, chez qui "court un fond de rock", selon Galvan...

Sur scène, les frontières se brouillent entre les rôles : "les chanteurs ne chantent pas nécessairement, et les danseurs ne dansent pas toujours, il faut faire bouger les lignes".

La "Fiesta" sera sans doute différente chaque soir, dans le cadre magique de la Cour d'honneur, écrin du plus grand festival d'Europe avec celui d’Édimbourg.

"Je ne ferme jamais un spectacle, il y a une trame, à l'intérieur de laquelle chaque interprète doit trouver son propre vertige, son feu intérieur: c'est ça, le flamenco, on doit brûler devant le public".

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