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A Bourges, Higelin fait toujours le Printemps

Au Printemps de Bourges, il était comme chez lui: Jacques Higelin, qui était à l'affiche de la première édition en 1977, sera dans tous les esprits jeudi soir quand son fils Arthur H montera sur scène, trois semaines après sa mort.

"Jacques, il est dans l'ADN du festival. Il est venu onze fois au total et tous se rappellent de chacune de ses performances", assure Daniel Colling, fondateur et ex-patron du Printemps et producteur historique de l'artiste.

Au lancement du Printemps en 1977, Higelin incarnait le renouveau de la chanson française. Mais les organisateurs avaient fait le pari de mettre en vedette Charles Trénet, que la jeune génération connaissait peu voire méprisait un tantinet.

"Alors Jacques, qui admirait Trénet, a décidé de faire un pot-pourri des classiques de son aîné, pour faire comprendre au public son importance. Il l'a introduit comme il fallait. Et Trénet a fait le reste. Ca ne pouvait pas mieux lancer le festival", raconte Colling.

Le producteur se rappelle que les premiers concerts-marathons du chanteur, marque de fabrique des "happenings higeliniens", se sont déroulés à Bourges.

"On le laissait faire. Mais je me souviens qu'une fois au festival de jazz d'Antibes, il a largement débordé sur l'horaire. Les organisateurs ont coupé la lumière, puis la sono. Jacques a pris sa guitare acoustique, s'est mis au milieu des gens et c'était reparti", rit-il.

Arthur H abonde: "Maintenant si tu dépasses de cinq minutes, on va te le faire sentir. Ça correspond à l'époque, tout est dans des cadres. Et c'est paradoxal parce que ce pour quoi on célèbre mon père aujourd'hui c'est la faculté qu'il avait de sortir du cadre", fait-il observer à l'AFP.

Pour Daniel Colling, le souvenir le plus fort avec son ami à Bourges est un moment intime: "Il était ému en coulisses, lorsque sa fille, Izïa, se produisait à 16 ans pour une de ses premières fois (en 2006, ndlr). Il l'a serrée dans ses bras pendant une minute pour lui donner du courage. C'est long une minute. C'était fort".

- "Vous nous manquez trop" -

A Bourges, Arthur H se souvient d'y avoir fêté ses vingt ans avec son père. "A l'époque, je faisais des petits boulots, comme du piano-bar ici. Et ce jour-là, mon père m'avait offert un de ses accordéons. Je l'ai toujours...", dit-il, pensif derrière ses lunettes de soleil.

Depuis l'ouverture du festival, le fantôme du poète-rock disparu le 6 avril à 77 ans trône sur les bords de l'Auron, la rivière qui traverse Bourges. Les organisateurs ont installé un grand portrait de l'artiste sur la place Séraucourt, au pied duquel est posé un livre d'or qui sera ensuite donné à la famille du chanteur.

Entre les concerts, des images d'archives d'Higelin à Bourges sont diffusées. Les gens attendent la fin de ces diffusions pour aller se ravitailler en boissons. Certains espèrent qu'il va réapparaître assis au piano, comme il le faisait parfois pour accueillir les festivaliers à l'entrée du site.

Côté artistes, quelques hommages ont déjà été rendus. Mercredi soir, Sandra Nkaké, superbe voix d'un jazz que Higelin ne dédaignait pas, lui a dédié son concert. "Voilà +la lune rousse+ (en référence à la chanson +Champagne+). Monsieur Jacques Higelin vous nous manquez trop. Merci pour tout ce que vous avez insufflé dans nos vies, de poésie, de folie, de liberté", a-t-elle dit.

Mardi, Catherine Ringer, "liée à lui par tout ce qu'il (lui) inspirait, par son amour de la fantaisie", a repris "Pars" avec une intense émotion.

Elle ne sera pas moindre jeudi soir lorsqu'Arthur H jouera. Au milieu des magnifiques chansons de son dernier album "Amour chien fou", il glissera un titre de son père... Pour l'artiste de 51 ans il s'agira de boucler cette séquence pleine d'émotion là où son père faisait le Printemps. Là où lui mais aussi sa soeur Izïa ont encore de belles pages à écrire.

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