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A la Roque d'Anthéron, le Trio Metral en master class de musique de chambre

"C'est vivant c'est fougueux, mais par rapport au style de Mendelssohn, c'est un peu déstabilisant" : à la Roque-d'Anthéron (Bouches-du-Rhône), le violoniste Olivier Charlier prodigue des conseils au jeune Trio Metral, accueilli en résidence dans le cadre du Festival international de Piano.

Victor, 26 ans, Joseph, 23 ans, et Justine, 21 ans, une fratrie de musiciens qui a créé le Trio Metral - leur nom de famille - a choisi de travailler un Trio du compositeur Félix Mendelssohn. Installés sur une estrade sous une grande tente blanche plantée dans une allée des jardins du parc de Florans où se déroule le festival jusqu'au 19 août, le trio fait face à un public silencieux et attentif, venu assister à leur master class.

Victor au piano, Joseph au violon, Justine au violoncelle entament le morceau, bientôt interrompu par leur professeur d'un jour.

"Vous vous connaissez bien, c'est bien mais c'est un peu le bazar, ça tiraille à droite, ça tiraille à gauche", critique Olivier Charlier. L'atmosphère est détendue, les interprètes reprennent le morceau, suivent les indications du violoniste.

"Nos parents ne sont pas musiciens", racontent les membres du Trio, originaires de Savoie, qui ont grandi à Grenoble. "Il n'était pas du tout prévu que l'on soit musiciens. Notre frère aîné, devenu infirmier, avait commencé les percussions, on l'a tous suivi", raconte Justine.

"On a eu aussi de bons professeurs et on a tous fini au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris" où il "nous paraissait naturel de jouer ensemble". "On s'engueule souvent mais en dehors" du trio, plaisante Joseph.

Le trio est aujourd'hui l'une des figures montantes de la musique de chambre. Il a remporté plus d'une quinzaine de prix dont, cette année, le 1er prix du concours international de trio avec piano, à Vienne.

-"la musique sort de tous les arbres"-

Durant une semaine à la Roque-d'Anthéron, à l'instar des jeunes musiciens sélectionnés par le festival parmi les meilleurs dans des conservatoires français et étrangers, les trio est accueilli, tous frais payés, pour suivre l'enseignement de prestigieux professeurs et donner des concerts gratuits dans des villages environnants avant un grand concert final le 15 août, de tous les ensembles en résidence.

C'est la deuxième année que le trio est invité à la Roque. Pour Olivier Charlier, dont c'est la troisième année de "coach", C'est "formidable d'être dans un lieu où la musique sort de tous les arbres".

Pour lui, il s'agit moins de leçons que "d'échanges". "Ils sont déjà une identité comme trio, une expérience, un style et une personnalité... Il faut que de l'on arrive à comprendre ce qu'il sont et éventuellement leur donner des pistes à explorer plus que des instructions", indique le violoniste.

"L'intérêt à la Roque, est de jouer devant plusieurs professeurs, chacun va dire ce qu'il ressent, ce n'est pas forcément compatible. A eux de se nourrir de ces suggestions", ajoute-t-il.

Le lendemain, le trio a rendez-vous avec un autre artiste, Jean-Marc Phillips, violoniste du Trio Wanderer, dont les trois membres ont été élèves avant d'enseigner à leur tour.

La leçon se déroule sur une oeuvre de Beethoven. Les accords, “tu es là pour les tuer (....) Tu dois les écraser. Si t’as des moments de colère dans ta vie, plutôt que de tabasser quelqu’un, c’est là. C’est l’endroit où tu peux te défouler”, lance Jean-Marc Philipps.

Justice et Victor apprécient d'être bousculés. "On a tendance à faire en sorte que tout soit toujours bien, ensemble, beau, c’est vraiment ce qui est écrit sur la partition. Et d’avoir quelqu'un qui vous dit, allez-y, lâchez-vous, jouez violent, ça aide à se lâcher (...) “Il nous a aidés à aller plus loin", témoignent-ils.

Le public aime lui aussi voir décrypter les oeuvres en direct avant d’assister au concert, gratuit, donné en fin d'après-midi par le trio.

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