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A Perpignan, Visa pour l'Image expose un monde en pleine tourmente

Crise des migrants, guerre contre le groupe Etat islamique, ravages du virus Zika: le festival international de photojournalisme Visa pour l'Image, dont la 28ème édition débute samedi à Perpignan, expose un monde en pleine tourmente, sans se focaliser sur les attentats ayant frappé l'Europe ces derniers mois.

"La thématique la plus visible", indique Jean-François Leroy, directeur et cofondateur du festival, "ce sont les migrants avec trois expositions, dont celle d'Aris Messinis du bureau de l'AFP à Athènes", sur le flot de réfugiés vers l'île grecque de Lesbos et intitulée "Scènes de guerre en zone de paix".

Il y a aussi les travaux d'un autre photographe grec, Yannis Behrakis (Reuters), qui après avoir parcouru les conflits déchirant le monde pendant 25 ans est revenu dans son pays couvrir l'arrivée massive de Syriens, Afghans et Irakiens fuyant les horreurs de la guerre.

Marie Dorigny s'est de son côté attachée à suivre les femmes migrantes. Avec leurs enfants, elles ont représenté plus de la moitié des passagers entassés dans des canots pneumatiques tentant de rejoindre les rives européennes.

Jamais, depuis la guerre du Kosovo, Visa pour l'Image n'avait reçu autant de propositions de sujets sur cette crise historique.

En septembre 2015, au moment de la précédente édition du festival, la photo du cadavre du petit Aylan Kurdi sur une plage turque avait fait le tour du monde et suscité une vague d'émotion planétaire. Il y a quelques jours, l'image du petit Omrane, 4 ans, hagard et recouvert de sang, blessé à Alep (Syrie), avait également beaucoup ému.

-"une photo n'a jamais arrêté une guerre"-

"Mais après, il ne se passe rien. On a dit +plus jamais ça+ mais on les laisse se noyer", s'emporte le directeur du festival. "Une photo n'a jamais arrêté une guerre ni influencé un responsable. Et je le regrette".

Quant aux attentats ayant frappé l'Europe - la France mais aussi la Belgique ou l'Allemagne - ils seront abordés en soirées lors des projections, explique M. Leroy. Mais pas lors des expositions.

"On a adopté un principe: un attentat à Nice, Paris ou Bruxelles a la même importance qu'un attentat à Kaboul ou Alep. On refuse le +mort au kilomètre+, selon lequel un piéton écrasé à Perpignan est plus important qu'un double attentat à Kaboul avec plus de 200 morts", déclare-t-il à l'AFP.

"On met tous les attentats au même niveau, c'est ma responsabilité en tant que directeur d'un festival international", insiste-t-il.

De fait, ce rendez-vous incontournable de la profession offre une visibilité à des travaux qui ne font pas nécessairement la Une de l'actualité, comme la situation très difficile des homosexuels et transgenres en Afrique (Frédéric Noy/Cosmos avec "Ekifilre ou les demi-morts").

Peter Bauza pour Echo Photojournalism n'a pas photographié le Brésil des Jeux olympiques mais a tourné ses objectifs vers Jambalaya, connu sous le nom de Copacabana Palace, un complexe immobilier près de Rio en partie occupé par des sans-abri. 300 familles y vivent dans des conditions insalubres.

Niels Ackermann pour Lundi13 a rencontré les enfants de Tchernobyl qui sont devenus grands. Et Felipe Dana (Associated Press) s'est rendu dans le nord-est du Brésil, une région pauvre durement frappée par le virus Zika, pour rencontrer des familles parmi les premières touchées par cette maladie.

Visa pour l'Image braque aussi les projecteurs sur des conflits qui passent souvent sous les radars des médias généralistes comme le Soudan du Sud (avec Dominic Nahr) ou même l'Afghanistan avec Andrew Quilty (Agence Vu'), basé à Kaboul depuis 2013.

Jusqu'au 11 septembre, le grand public tout comme 3.000 professionnels accrédités et 280 agences représentant une cinquantaine de pays sont attendus à Perpignan. Plus de 30 agences et collectifs de photographes du monde y ont un bureau de présentation.

En raison de la menace terroriste en France, la sécurité a été renforcée mais la programmation n'a pas été modifiée.

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