Accueil Actu

Aldebert, l'art de chanter pour les enfants sans les "infantiliser"

Aldebert remplit les salles depuis des mois avec des refrains énergiques qui amusent les petits mais souvent aussi leurs parents. De passage au Printemps de Bourges samedi, le quadragénaire s'amuse à tordre quelques idées reçues sur la chanson pour enfants.

Chanter pour les enfants ne devait être qu'une parenthèse dans une carrière plus traditionnelle pour adultes. Mais depuis 2008 et son album "Enfantillages", Guillaume Aldebert assure s'être "trouvé". Sur les routes depuis octobre 2013, il donnait à Bourges les 206e et 207e concerts, pris d'assaut, d'une tournée marathon qui durera jusqu'au printemps 2016.

Pas que pour les enfants

Aldebert se targue de chanter pour les grands autant que les petits: "Les parents sont souvent plus à fond que les enfants!", affirme-t-il dans un entretien à l'AFP.

De fait, samedi à Bourges, de nombreux adultes reprenaient les paroles à gorge déployée. Ils étaient aussi les premiers à se mettre debout pour applaudir les facéties d'un chanteur qui, sur scène, déploie une énergie de tous les instants, alignant les allers-retours sur ces étranges chaussures-rollers ou chantant grimpé sur des échasses au beau milieu de la salle.

Avec des tubes baptisés "Range ta piaule" ou "Le p'tit veut faire de la trompette", le chanteur résonne chez tout parent en reprenant des remarques entendues dans toutes les maisons. "Par ses thèmes, la chanson que je propose n'exclut pas les parents, je m'adresse vraiment à eux", dit le chanteur de 41 ans, père d'un très jeune garçon.

Pas de chapelle musicale

Aldebert, qui se sentait à l'étroit au milieu des "chapelles" très marquées de la chanson française "pour adultes", apprécie la "grande liberté" musicale que permet la "chanson pour jeune public": "On peut passer du hip hop au métal, ça ne pose pas de problème", se réjouit ce fan de hard-rock, qui assistera en juin en spectateur à la grand-messe du genre, le Hellfest.

Sur ces albums, il peut chanter autant avec la jeune Alizée que le très punk Didier Wampas, en passant par Maxime Le Forestier, Cali ou le comédien François Morel.

Sa démarche peut s'apparenter à celle d'autres artistes jouant de la musique d'adulte pour les enfants, comme les Ogres de Barback, avec leur héros Pitt Ocha, ou le chanteur et multi-instrumentiste François Hadji-Lazaro (des groupes Pigalle et Les Garçons Bouchers): "Ce sont des gens qui participent au changement dans la chanson pour enfants, avec un côté rock très ouvert aux musiques du monde, dans une démarche qui n'est pas infantilisante".

Pas de mièvrerie dans les textes

La chanson pour enfants souffre souvent d'une image "un peu cucul", reconnaît Aldebert, qui estime toutefois ne pas s'inscrire dans le même univers que les Chantal Goya, Douchka ou Henri Dès l'ayant précédé. "Ils s'adressaient à la très petite enfance, avec des comptines, des chansons d'éveil. Moi mon public ce sont des gamins un peu plus grands, disons entre 5 et 10 ans, déjà sensibilisés à la musique."

Cela lui permet d'aborder aussi, estime Aldebert, des sujets plus difficiles comme "les enfants des rues, victimes de la guerre" dans une chanson comme "Petits d'anges". Mais aussi évoquer, toujours dans un sourire, les "petits traumatismes de l'école" dans "La vie d'écolier".

Pour trouver le ton juste, le chanteur affectionne par exemple les ateliers d'écriture avec des élèves: "C'est souvent l'occasion de faire des chansons avec les enfants, de comprendre leurs goûts, leurs attentes, c'est quelque chose qui me nourrit."

"Il faut trouver le bon angle pour que ça passe, mais les enfants captent tout et ils ont assez vite le second degré", remarque le chanteur, dont les deux concerts de samedi marquaient le retour de la musique pour enfants au Printemps de Bourges.

À la une

Sélectionné pour vous