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André Dussollier réembarque sur le paquebot de "Novecento" après une "année blanche"

"J'ai rongé mon frein", avoue-t-il. André Dussollier est de retour sur scène, pied alerte et silhouette virevoltante sur les rythmes jazzy de "Novecento", après une "année blanche" imposée par une méchante rupture des tendons du pied en octobre 2016.

A 71 ans, c'est un régime de "sportif" qu'il s'impose pour reprendre ce marathon d'une heure quinze créé en 2014, où il raconte, seul en scène avec quatre musiciens, le destin singulier de "Danny Boodmann T.D. Lemon Novecento", ou comment un bébé abandonné dans une boîte en carton sur un paquebot en 1900 devient un virtuose du piano sans jamais descendre à terre.

"Novecento", pour lequel il a décroché un Molière du meilleur comédien en 2015, est repris au Rond-Point jusqu'au 1er octobre, puis au Théâtre Montparnasse jusqu'en décembre, six jours sur sept: une gageure.

Élégant, le corps droit et sec et les pieds qui tricotent, il monte et descend sans cesse une passerelle de bateau, danse, swingue, le tout en parlant sans répit.

"C'est physique, mais j'aime beaucoup le sport", confie-t-il. "Je suis né dans une région où on pratique beaucoup, hiver comme été (Annecy) et j'en ai fait pas mal en même temps que le théâtre", dit-il.

On lui confie pourtant au cinéma des rôles plutôt "assis, tranquilles, placides": "J'enviais Bernard Giraudeau et Gérard Lanvin qui escaladaient les façades rocheuses dans +Les spécialistes+ (1985)" rappelle-t-il.

"Je n'avais pas la tête d'un sportif, sans doute, pour un réalisateur. Donc le théâtre m'a permis de me rattraper".

En 2003, déjà, il interprète "Les Athlètes dans leur tête" de Paul Fournel. "Il leur fait raconter leurs états d'âme: un tennisman, un lanceur de poids, un footballeur, mais vraiment au milieu de l'action. Ça demandait beaucoup d'énergie, parce que j'enchaînais les sports".

Pour "Novecento", l'auteur italien Alessandro Baricco lui déconseille d'ajouter de la musique, omniprésente dans le texte. "J'ai voulu tenter l'aventure en tricotant une partition où la musique raconte aussi l'histoire à sa façon. Je n'avais pas imaginé que le texte m'entraînerait dans un rythme aussi allègre"! lance-t-il en riant.

- Apnée musicale -

Sur scène, quatre musiciens jouent en contrepoint mais c'est sur Dussollier que repose le spectacle et c'est "rétamé" qu'il sort de cette traversée magique, où le public rêve avec lui sur des airs de jazz.

En fond de scène sont projetées des vidéos aux tonalités d'aquarelle, qui suggèrent tantôt le pont, tantôt le salon des premières classes ou l'arrivée à New York.

Le public vit la pièce comme une sorte d'apnée musicale, transporté dans l'univers des grands paquebots transatlantiques, au rythme échevelé de la narration.

"Il faut que je tire sur le mors du cheval pour le retenir et vivre bien tous les moments", convient-il, soucieux, avant d'interroger: "vous l'avez vu quand? mardi? Mon Dieu, c'était pas bien!"

Ce jour là, une "contrariété technique" l'avait déconcentré. On n'avait rien vu, pris dans la magie du spectacle, mais lui arbore la mine de l'acteur anxieux, déçu de sa performance.

"Ce qui est beau et cruel à la fois au théâtre, c'est que le spectateur ne vient qu'une fois, donc il faut qu'on soit au maximum, au niveau de l'attente", lâche-t-il.

Très demandé au cinéma (près de 140 films), André Dussollier revient encore et toujours au théâtre pour ""vivre les choses en direct avec le public".

"Au cinéma, c'est morcelé, on n'a pas la réaction du public tout de suite, on ne vit pas le rôle du début à la fin, on est dépendant de la technique, du décor, des partenaires... au théâtre, on peut vivre sur le moment des émotions fortes, il n'y a pas besoin de grand chose, une scène, de la lumière et puis voilà".

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