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Avec "Croque Monsieur", Fanny Ardant mord dans le vaudeville à pleines dents

Depuis ses débuts en 1974, Fanny Ardant oscille habilement entre œuvres classiques et succès populaires. Pour la première fois, l’actrice se mesure avec gourmandise au vaudeville "dans l’ivresse d’une coupe de champagne", confie-t-elle à l’AFP.

Révélée au cinéma dans "La Femme d’à côté" de François Truffaut dont elle a été l’épouse, Fanny Ardant, 67 ans, reprend à l’affiche du théâtre de la Michodière la pièce "Croque Monsieur", grand succès du Boulevard signé Marcel Mithois et créé en 1964 par Jacqueline Maillan.

"J’ai hésité un peu, pensant que ce n’était pas du tout pour moi. J’avais des doutes sur la possibilité que je fasse rire. Et puis je me suis dit que c’est toujours intéressant de se confronter à quelque chose qu’on n’a jamais fait", ajoute l’actrice à la célèbre voix à la fois rauque et mélodieuse.

"Avec l'ivresse d’une coupe de champagne qui vous rend plus léger mais en restant conscient, je m'amuse beaucoup avec ce répertoire comique inédit pour moi au théâtre", dit Fanny Ardant dont le nom pour la reprise de "Croque Monsieur" a été soufflé par Jean-Yves Bouvier, le neveu de Jacqueline Maillan.

Dans ce registre burlesque où on ne l’attendait pas, malgré un César de la meilleur actrice en 2006 pour sa composition d’extravagante patronne de bar homosexuel dans "Pédale douce", Fanny Ardant, entourée de 7 comédiens, campe une hilarante Coco Baisos, veuve désargentée cherchant désespérément un nouveau mari riche.

- "On recommence à zéro" -

"La pièce de Marcel Mithois est très bien écrite, avec une vraie mécanique comique pleine de rebondissements, de malentendus, de maris dans les placards. Beaucoup d’actrices peuvent s’y succéder, selon leurs univers. Coco ne se laisse pas abattre. Elle connaît la dureté du monde et elle ne peut pas se payer le luxe d’avoir des états d’âme", souligne la comédienne qui délivre un jeu comique plus en retenue que celui parfois fantasque de Jacqueline Maillan, tout en sollicitant autant les zygomatiques avec son phrasé irrésistible.

"Un acteur apprend la dignité dans l’humour. Il faut toujours s’arrêter avant de descendre son pantalon ou de faire des grimaces juste pour faire rire. Ce n’est pas la peine de surcharger, d’autant qu’il ne faut jamais oublier que le spectateur n’est pas un imbécile : il est aussi fin que celui qui joue", estime-t-elle.

En plus de ce rôle décalé, Fanny Ardant partage l’affiche avec Bernard Menez, acteur comique culte, parmi les candidats au mariage sollicités par l'infortunée Coco Baisos.

"Dans une distribution ou un casting, nous sommes tous des voyageurs sans bagage, quoi qu’on ait fait et quoi que l'on fera par la suite. A chaque pièce ou chaque film, on recommence à zéro", dit encore Fanny Ardant qui pousse la chansonnette entre deux actes, "comme autant de flash-backs ou de points de vue différents" mis en musiques par Alex Beaupain.

Fanny Ardant qui se produira 60 fois seulement avec "Croque Monsieur", n’oublie pas le cinéma : le 7 décembre, son troisième long métrage en tant que réalisatrice sera à l’affiche. Avec Emmanuelle Seigner et Gérard Depardieu, "Rouges sont les rêves" est une adaptation du "Divan de Staline", roman de Jean Daniel Baltassat.

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