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Avec la Cinéfondation et la Fabrique des Cinémas, Cannes prépare l'avenir

Nadine Labaki, réalise un "rêve": avec son quatrième film, "Capharnaüm", elle concourt pour la Palme d'or remise samedi. Repérée dès 2004, la réalisatrice libanaise incarne la quête permanente du Festival de Cannes pour dénicher de nouveaux talents.

L'ébauche d'un scénario audacieux - le quotidien d'un salon de beauté de Beyrouth où cohabitent employées chrétiennes et musulmanes -, lui a ouvert les portes il y a douze ans de la Cinéfondation, la "tête chercheuse" du festival, qui fête ses 20 ans.

Créée en 1998 par Gilles Jacob, alors délégué général du Festival de Cannes, la Cinéfondation est devenue le graal des écoles de cinéma du monde entier qui se bousculent pour y décrocher la sélection de leurs élèves.

Cette année, 2.426 candidatures provenant de 115 pays, ont été enregistrées. Dix-sept films de fin d'études ont été sélectionnés : "avec la Caméra d'or, nous récompensons depuis longtemps le meilleur premier film. La Cinéfondation permet de prolonger l'idée en aidant en amont une nouvelle génération de cinéastes à voir le jour", dit à l'AFP Gilles Jacob.

La Cinéfondation propose aussi sur concours une résidence d'écriture de scénario, à Paris pour 12 jeunes réalisateurs par an. 200 ont été accueillis depuis vingt ans dans cette "Villa Médicis" du cinéma. Les trois-quarts des élèves qui bénéficient d'une bourse de 800 euros par mois, ont réalisé depuis leur premier film.

La Cinéfondation invite également à Cannes une quinzaine de jeunes cinéastes chaque année pour des rencontres avec des producteurs et des distributeurs.

"On a été copiés par tous les grands festivals. Pour les écoles de cinéma, la Cinéfondation est devenue un challenge. Pour le Festival, c'est l'assurance de renouveler les générations de cinéastes", estime Gilles Jacob.

- "Liberté, insouciance et audace" -

Le cinéaste français Bertrand Bonello préside cette année le jury de la Cinéfondation qui a décerné son premier prix au Chilien Diego Céspedes pour "The Summer of the Electric Lion": "Qu’attendons-nous des cinéastes inconnus? Qu’ils nous bousculent, qu’ils aient la liberté, le tranchant, l'insouciance et l’audace que parfois nous n’avons plus", estime le réalisateur de "Saint Laurent".

La Cinéfondation a décroché sa consécration en 2015 avec l'un de ses jeunes espoirs, le cinéaste hongrois Laszlo Nemes distingué à 38 ans par le Grand prix du jury du Festival de Cannes avec "Le Fils de Saul", film choc sur la Shoah.

Avec "Mon tissu préféré", également à Un Certain regard, la cinéaste syrienne Gaya Jiji, 39 ans, a bénéficié de l'atelier d'écriture de la Cinéfondation en 2016. Deux ans plus tôt, elle avait été repérée par la Fabrique des cinémas du monde de l'Institut français qui, depuis dix ans, soutient la jeune création des pays du Sud. "Être ici, c'est un rêve pour tout jeune cinéaste", a-t-elle confié à l'AFP.

La Kényane, Wanuri Kahiu, détectée aussi par la Fabrique des cinémas en 2013, a présenté cette année sur la Croisette "Rafiki", une "love story" au féminin, censurée dans son pays pourtant représentée pour la première fois en sélection officielle (Un Certain regard).

Parmi les dix projets 2018 de la Fabrique des cinémas, Achille Ronaimou est le premier cinéaste tchadien sélectionné. Avec "Le Prix du sang", il veut raconter à l'écran une coutume religieuse qui impose une réparation financière par le responsable d'un décès même accidentel.

"Être soutenu et encouragé à Cannes est réconfortant", a-t-il dit à l'AFP. "C'est une occasion unique pour le cinéma tchadien balbutiant qui a tant besoin d'aide".

Pour Pierre Lescure, le président du Festival, "comment ne pas se réjouir avec la Fabrique des cinémas de recevoir des nouvelles rares donc précieuses du Tchad, de Bolivie, de Colombie... La vigueur du 7e Art se fabrique et se mesure aussi là-bas".

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