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Basquiat attendu comme le roi des enchères de printemps à New York

Près de 30 ans après sa mort, le peintre Jean-Michel Basquiat s'annonce comme la figure dominante des enchères de printemps à New York (Etats-Unis), signe de son entrée au panthéon des artistes contemporains.

Pas moins de 14 oeuvres de l'artiste new-yorkais vont être proposées par les deux grandes maisons Sotheby's et Christie's durant la semaine du 15 au 19 mai, un chiffre considérable pour Basquiat, mort d'overdose à 27 ans.

Parmi elles, un grand tableau (1,83 m sur 1,73 m) sans titre, qui représente une tête noire inquiétante sur fond bleu azur et pourrait établir un nouveau record pour le peintre, selon Sotheby's, qui en attend plus de 60 millions de dollars.

En mai 2016, un autre tableau sans titre de Basquiat, gigantesque (2,38 m sur 5 m), avait atteint, chez Christie's, 57,2 millions de dollars, détrônant "Dustheads", adjugé pour 48,8 millions de dollars en 2013.

Depuis cinq ans, celui qui se fit connaître sous le pseudonyme SAMO en taggant sur les murs de New York domine l'art contemporain.

"Il entre dans les canons du monde artistique", constate Loïc Gouzer, président du département après-guerre et contemporain chez Christie's, qui assure que le marché pour Basquiat est "l'un des plus profonds au monde", avec des acheteurs en Europe, en Asie et aux Etats-Unis.

"Il lui a fallu un peu de temps pour être assimilé", observe celui qui est l'un des cadres montants de Christie's. Il y a quelques années, "il y en avait très peu dans les musées et maintenant, tous les musées du monde prient pour qu'on leur fasse don d'un Basquiat".

Les trentenaires et quadras qui se trouvent désormais en capacité d'acheter de l'art ont grandi avec l'image de ce trublion aux cheveux dressés, symbole d'une époque et d'un lieu.

"Basquiat, c'est New York, c'est les années 1980", résume Grégoire Billault, responsable de l'art contemporain chez Sotheby's à New York. "C'était là qu'on voulait aller, c'était là que ça se passait", insiste-t-il. "Jean-Michel est vraiment l'essence de ça".

Un autre tableau du peintre d'origine haïtienne (par son père) et porto-ricaine (par sa mère), "La Hara", devrait atteindre un prix élevé, chez Christie's, lui, qui l'estime entre 22 et 28 millions de dollars.

Ce portrait d'un policier à l'allure menaçante évoque le côté politique et militant de l'artiste, qui dénonça, en son temps, les violences policières visant les Noirs, objet de débat national depuis 2014.

- Le marché se tient -

Cette saison, Jean-Michel Basquiat est la tête de gondole d'enchères qui proposent un éventail de lots de premier plan, composé d'impressionnistes, ainsi que de peintres et sculpteurs modernes et contemporains.

Au total, Christie's et Sotheby's espèrent dépasser 1,1 milliard de dollars au cours de la semaine, selon les estimations basses des deux maisons, avec toujours un avantage pour le premier.

L'autre clou de ces ventes de printemps devrait être le triptyque de Francis Bacon "Three Studies of George Dyer", trois portraits de la muse du peintre américain, qui fut son ami et amant.

Estimé autour de 50 millions de dollars, l'oeuvre devrait rester à bonne distance d'un autre triptyque, "Three Studies of Lucian Freud", adjugé 142,4 millions de dollars en 2013.

Depuis la fin de l'accès de fièvre du marché, en 2015, l'heure n'est plus aux envolées vues pour "Les femmes d'Alger", vendu 179,3 millions de dollars, le record absolu, ou le "Nu Couché" d'Amedeo Modigliani, parti pour 170,4 millions la même année.

"On a un contexte économique qui fait que c'est un peu plus difficile", reconnaît Grégoire Billault. "Maintenant, quand on est capable d'apporter des oeuvres au bon prix, dans le bon schéma, je pense que le marché répond d'une manière formidable".

Pour éviter les déconvenues, les deux grandes maisons ne prennent plus de risques en établissant leurs catalogues.

Plus que jamais, la prime est à la rareté, aux oeuvres peu ou jamais vues aux enchères, voire à l'abri des regards depuis des décennies. "On raconte des histoires", explique Grégoire Billault. "Quand les histoires sont un peu rares et un peu exceptionnelles, il y a une petite mystique qui se met en place".

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