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Chouchoute des TransMusicales, Fishbach se sent pousser des ailes

Accélérateur de carrière, la résidence des Trans Musicales tombe à point nommé pour Fishbach, la jeune androgyne déjantée, prodige de l'électro-pop, dont la voix subjuguante résonnera jusqu'à dimanche, cinq soirs de suite, dans un théâtre de la banlieue rennaise.

Encensée par la critique dès son premier mini-album, sorti il y a un an, l'Ardennaise de 25 ans, qui a grandi entre la Normandie et Charleville-Mézières, a déjà presque tout raconté de sa vie.

De ses origines modestes, une mère aide-soignante et un père routier, de son oncle croque-mort, de l'école qu'elle a arrêtée à 15 ans parce qu'elle s'y ennuyait trop, des petits boulots qu'elle a enchaînés, du pygmalion qui l'a initiée au punk... Mais sur scène, l'artiste au profil filiforme, le teint blafard, préfère se draper de mystère, dans une performance bourrée d'énergie, qui mêle avec rage poésie, mélancolie et tragique.

Après 3 ans de concerts en solo, Fishbach, nom de scène de Flora Fishbach, a été choisie pour être l'artiste en résidence des 38ème Trans, aux côtés de trois musiciens qu'elle a choisis. L'occasion rêvée pour elle d'élever son niveau de performance.

"Il n'y a pas un soir pareil, je sens qu'on progresse très vite", explique-t-elle à l'AFP. "A la générale, on a un peu balbutié mais j'ai synthétisé toutes les remarques et on a réglé tous les problèmes le lendemain", assure-t-elle.

Arrivés une semaine avant le coup d'envoi des Trans après avoir répété trois semaines "comme des fous furieux", les artistes "en création" sont hébergés dans une maison qui jouxte le théâtre de l'Aire Libre, près de Rennes. Les clés du lieu en poche, ils peuvent répéter à toute heure, y compris la nuit. Avant Fishbach, le théâtre a vu passer plusieurs futurs grands noms, tels Stromae ou Philippe Katerine.

"Nous ne nous contentons pas de mettre à disposition nos locaux, nous assurons aussi la production déléguée", explique à l'AFP son directeur, Maël Le Goff.

Par-delà les difficultés rencontrées sur le plateau technique, ses équipes ont apporté un regard artistique extérieur sur la création de Fishbach.

- 'Une vraie personnalité' -

"Les jours de résidence et les cinq jours de concerts permettent aux artistes de s'installer dans un temps long et de finir avec un concert formidable, prêt à partir en tournée", se félicite M. Le Goff.

Pendant leur semaine de création, Fishbach et ses partenaires ont beaucoup travaillé la scénographie et les lumières avec l'aide d'une metteuse en scène. "J'avais pensé à une chambre avec des stores en toile de fond pour avoir un rapport intérieur/extérieur de champ et de hors-champ", raconte Flora Fishbach. Les artistes ont aussi fabriqué un mobilier pour cacher les synthés afin que le résultat soit "plus graphique, concentré sur les humains, les déplacements".

Le résultat donne l'impression d'une scène de théâtre mi-intimiste mi-surréaliste.

"J'avais déjà une théâtralité sur scène, mais je voulais en quelque sorte prolonger physiquement mon âme et mon esprit", confie la jeune femme, qui remercie "l'urgence" de lui avoir permis de se dépasser.

Physiquement, l'artiste qui reconnaît avoir failli "se casser la voix", avoue avoir reçu "une bonne leçon en matière de gestion de l'énergie".

C'est justement par cette voix que Jean-Louis Brossard, le patron des Trans, dit avoir d'abord été séduit. "J'aime beaucoup le personnage, c'est quelqu'un qui dégage quelque chose, qui a une vraie personnalité", raconte-t-il à l'AFP. Après avoir assisté au premier concert mercredi, il viendra au dernier pour voir "la progression réalisée".

A fond dans sa création, Fishbach n'imagine pas encore l'avenir après les Trans, mais dit avoir "bon espoir". "C'est une super vitrine, j'espère qu'il y aura des programmateurs qui voudront nous inviter après avoir vu le spectacle, mais personne ne peut prévoir ce qui se passera", lâche la jeune Ardennaise, qui sort son premier album en janvier mais ne gagne sa vie avec la musique "que depuis six mois".

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