Accueil Actu

Christophe Ghristi veut privilégier la voix, l'ADN du Capitole et "miracle" de l'opéra

Le nouveau directeur artistique du théâtre du Capitole Christophe Ghristi, tout fraîchement débarqué de l'opéra de Paris, se donne pour mission d'"attirer un nouveau public" à Toulouse, en privilégiant ce qui fait l'ADN de cette maison méridionale: la voix.

"Une Traviata, on peut la faire en crinoline ou en survêtement, l'important c'est que la mise en scène ne vienne pas perturber le sens de l'oeuvre".

Pour Christophe Ghristi, ancien directeur de la dramaturgie à l'opéra de Paris, "le miracle de l'opéra, c'est le chant, que ce soit une oeuvre baroque ou une création contemporaine".

Si d'autres opéras, comme Lyon, privilégient la mise en scène, Christophe Ghristi s'attache à Toulouse à "tenir compte de l'ADN de cette maison. Son ADN, c'est la voix".

"C'est une maison du sud, Toulouse a une conception plus méridionale de l'opéra, une tradition plus latine", explique-t-il à l'AFP, "la place de Toulouse, c'est de trouver l'équilibre entre les chanteurs et l'orchestre".

Ce normalien de 49 ans a préparé la programmation des prochaines saisons avec le souci d'"attirer un nouveau public" et de "faire en sorte que cette maison rayonne à son maximum".

"J'ai connu cette maison quand les spectacles affichaient complets", explique celui qui fut dramaturge du Capitole pendant quatorze saisons. "Maintenant on est autour de 80%", déplore-t-il.

Sa programmation, "il veut qu'elle attire davantage la curiosité". "La première mission est de donner à chacun l'occasion de s'élever, de ressentir une grande émotion, c'est le meilleur service qu'un opéra puisse rendre", souligne-t-il.

Les saisons 2018-19 et 2019-20 sont prêtes, celle 2020-21 est "en construction", mais Ghristi vise d'ores-et-déjà "l'excellence" en s'appuyant sur "les forces vives": l'Orchestre national du Capitole qui compte 135 musiciens dirigés par Tugan Sokhiev, et un choeur de 45 choristes.

Sans compter le ballet du Capitole dirigée par Kader Belarbi, le 2e après l'opéra de Paris, "l'un des derniers ballets de la tradition classique en France" pour Ghristi.

- "Le mystère incroyable" de La Bohême -

"On a la capacité de faire des grandes oeuvres du répertoire, il y aura les grands Verdi, Wagner ou Strauss" grâce à la taille de l'orchestre et du choeur. De Mozart à Bizet ou Puccini, les oeuvres seront en outre "servies par toute une génération de chanteurs français formidables", comme la mezzo-soprano Sophie Koch ou le ténor Roberto Alagna que Ghristi fera monter sur la scène toulousaine.

D'un budget de 21,5 millions d'euros, le théâtre du Capitole veut rayonner partout en Occitanie et au-delà. Sans dévoiler le contenu des prochaines saisons, le dramaturge confie qu'il y aura "trois nouvelles productions par saison pour le lyrique et deux pour le ballet" et qu'il donnera "au moins la moitié de chefs-d'oeuvre".

"Il faut choisir sept ou huit oeuvres par an, c'est minuscule face à l'océan du répertoire de l'opéra, il est logique de se diriger vers des chefs-d'oeuvre", explique-t-il. Car "c'est quelque chose qui nous élève que d'être confrontés à de grandes oeuvres, et le public a droit aux chefs-d'oeuvre".

"Ce qui a pu faire qualifier l'opéra d'élitiste, ce n'est pas les oeuvres, c'est les prix", déplore-t-il, "La Bohême ça touche tout le monde, il y a un mystère incroyable".

"En ouverture de saison, si vous prenez un grand titre, vous embarquez tout le monde, ça donne une énergie de partir sur quelque chose qui rassemble". Mais "c'est facile de remplir une salle avec Carmen, le but est de remplir la salle avec un Janacek", ajoute le pédagogue.

"Nos institutions ont une mission en plus qu'avant: nous avons le devoir d'apporter un savoir que les jeunes n'ont plus naturellement, c'est aux opéras de combler cette distance, avec une pédagogie pour tous".

Celui qui dirige désormais la scène lyrique et chorégraphique de Toulouse avoue avoir "vraiment l'obsession de la qualité et du respect du public: une maison doit être incarnée, il doit y avoir une parole, pour que le public nous suive".

À la une

Sélectionné pour vous