Accueil Actu

De Goya à Picasso, les trésors de la collection Koplowitz

Picasso, Goya, Gauguin, Zurbaran… la collection Alicia Koplowitz, dont une sélection est présentée au musée Jacquemart-André, ne manque pas de grands noms avec lesquels la milliardaire espagnole a su tisser un lien subtil et personnel.

Jamais cette collection n'avait été exposée en tant que telle, même si certaines de ses oeuvres sont régulièrement prêtées à des musées ou pour des rétrospectives,

Le commissaire de l'exposition (ouverte jusqu'au 10 juillet), Pablo Melendo Beltran, a choisi 53 pièces, de l'antiquité à Miquel Barcelo, dans les trésors rassemblés en près de 30 ans par cette femme d'affaires avisée et discrète -elle ne donne jamais d'interview.

Neuvième fortune d'Espagne, selon le magazine Forbes, Alicia Koplowitz "a commencé à acheter ce qu'elle aimait, ce qui la surprenait". Elle a consacré "beaucoup de temps à cette collection", qui compterait entre 100 et 200 oeuvres, souligne-t-il.

- Portraits de femme -

L'un des fils directeurs est la représentation de la femme, des portraits sensuels de "La Voluptueuse" et de "La Dormeuse" d'Antonio Rotari (entre 1753 et 1762) à une sculpture contemporaine de Germaine Richier ("La Feuille") en passant par "La Liseuse" de Toulouse-Lautrec ou "La Rousse au pendentif" de Modigliani.

Une approche que l'on retrouve dans des oeuvres antérieures comme le portrait virtuose et réaliste de la duchesse de Bragance en habit de cour (1603) par Juan Pantoja de la Cruz; ou le délicat "Portrait de la comtesse de Haro" par Goya.

Mais Alicia Koplowitz sait aussi acquérir des oeuvres moins classiques. Entrée récemment dans la collection, "L'Attaque de la diligence", une oeuvre de commande de Goya, joue sur le contraste entre le massacre des voyageurs par des bandits de grand chemin, et la représentation d'une nature paisible et luxuriante.

Alicia Koplowitz est toujours sensible au "rapport entre l'artiste et la personne qui a commandé le tableau. Elle s'intéresse à l'histoire derrière l'oeuvre", souligne Pablo Melendo Beltran.

Son éclectisme est manifeste. La pure abstraction de Juan Gris ("Violon et journal") côtoie le réalisme d'Antonio Lopez Garcia ("Mari"), l'expressionnisme d'Egon Schiele ("Femme à la robe bleue") et le Picasso néoclassique du début des années 1920.

- Chemin initiatique -

Alicia Koplowitz "aime beaucoup la sculpture, ce qui n'est pas si courant", souligne Pablo Melendo Beltran. Elle attribue cette passion à une visite au musée du Prado lorsqu'elle avait sept ans. Mais la dimension de certaines de ses oeuvres préférées, notamment contemporaines, empêchait de les montrer à Paris.

Très francophile -elle a fait ses études au lycée français de Madrid-, Alicia Koplowitz n'a pas choisi par hasard le musée Jacquemart-André pour une première exposition de sa collection. Nélie Jacquemart fut elle aussi, avec son mari, une acheteuse avertie, surtout de peintures florentines et vénitiennes. Venise dont la collection Koplowitz compte des vues de Guardi et Canaletto.

"Je considère le fait de collectionner des oeuvres d'art comme un chemin initiatique, un chemin qui a commencé lorsque j'avais 17 ans, un chemin qui m'a servi de bouclier face aux diverses vicissitudes de la vie", écrit-elle dans un court texte du catalogue.

L'étendue de ses choix, tant esthétiques qu'historiques, offre un contraste saisissant avec une autre collection privée actuellement exposée au musée du Louvre, celle de l'Américain Thomas Kaplan.

Là où Alicia Koplowitz affirme un goût "encyclopédique", l'homme d'affaires américain constitue une collection entièrement dédiée au siècle d'or hollandais, et plus spécialement aux peintres de Leyde, dont Rembrandt. Deux conceptions qui ont chacune leur attrait.

À la une

Sélectionné pour vous