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Des réfugiés à Cannes avec le "Robin des bois" des migrants Cédric Herrou

Venus du Soudan, du Mali, une poignée de réfugiés ont monté jeudi les marches du Festival de Cannes avec l'agriculteur défenseur des migrants Cédric Herrou, dont le combat est retracé dans le documentaire "Libre" projeté en soirée.

Ce producteur d'olives bio de la vallée de la Roya, installé sur les pentes rocailleuses à la frontière franco-italienne, s'est fait connaître en accueillant des réfugiés et en les aidant à déposer des demandes d'asile en France. Il a été condamné l'été dernier à quatre mois de prison avec sursis pour aide à l'immigration clandestine, mais il continue à accueillir des migrants.

Le documentaire "Libre", réalisé par Michel Toesca, suit le trentenaire barbu à lunettes au fil des mois. Il raconte la façon dont il s'est organisé pour accueillir des migrants de plus en plus nombreux. Les actions auxquelles il a participé pour aller chercher des réfugiés en Italie ou squatter un bâtiment désaffecté pour les abriter. Ses nombreux passages devant le juge, dont il fait à chaque fois une tribune médiatique.

Ce film d'1h40, en salles le 26 septembre, était présenté hors compétition dans une édition cannoise où les thématiques sociales et politiques ont tenu le haut du pavé, cinquante ans après mai 68. Pour continuer à médiatiser ce "combat pour la vie", Cédric Herrou et Michel Toesca étaient accompagnés de demandeurs d'asile.

Avec ce film, "on va toucher un public un peu plus large, interpeller le grand public", s'est félicité auprès de l'AFP Cédric Herrou.

"Pour ces personnes migrantes, la Roya est devenue une terre d'asile, c'est l'endroit où on est soigné, protégé, considéré. Ce sont des personnes qui ont envie de se déclarer en préfecture, qui ont envie de sortir de la clandestinité", ajoute-t-il.

"J'ai fait des erreurs, j'ai agi impulsivement, je ne regrette pas ce que j'ai fait, mais j'aurais dû faire les choses différemment. Aujourd'hui je fais les mêmes choses, mais légalement", assure l'agriculteur qui, après quelques mois d'accalmie, voit de nouveau arriver des migrants chez lui: "Il y en a eu quinze cette nuit, il y en a une cinquantaine par semaine, venus du Soudan, d'Erythrée, un peu du Tchad... Beaucoup de gens très fatigués".

Cédric Herrou, en les accueillant, "se substitue à l’État", estime pour sa part Michel Toesca.

Pour le cinéaste, lui-même installé dans la vallée de la Roya, ce documentaire "n'est pas un film militant". "Il y a quelque chose qui me dérange dans le militantisme, c'est le mot d'ordre. Pour moi, c'est un film politique (...). Cédric n'a jamais été un militant, moi non plus, c'est simplement une réaction humaine".

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