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Dick Annegarn aux Francofolies pour "rire et pleurer" avec le public

Dick Annegarn, Néerlandais de naissance et devenu promoteur iconoclaste de la chanson francophone depuis plus de 40 ans, a retrouvé mercredi à La Rochelle, en ouverture des Francofolies, un public avec qui il aime "rire et pleurer".

"Les Francos, ça vient un peu en bout de course pour moi. Je ne suis pas vraiment un artiste en développement, j'arrive un peu blessé...", confie à l'AFP le chanteur de 65 ans, peu avant de monter sur scène.

"Blessé", car rejeter le milieu musical aussi brutalement qu'il le fit en 1978 lui a créé quelques inimitiés. Si on y ajoute un trou d'air artistique de 20 ans, l'auteur-interprète de "Bruxelles" a été bien moins en vue. "Je ne vais pas m'inventer un personnage, j'ai des joies et des peines dans ce métier", concède-t-il.

Au printemps 78, l'échalas néerlandais connaît un succès grandissant dans l'Hexagone mais le monde du disque et le "star-system" l’écœurent. Après quatre albums au compteur, il écrit une longue diatribe, signée de son vrai nom Benedictus Albertus Annegarn, qu'il lit à la presse dans un sous-sol de l’Olympia, pour justifier de claquer la porte au "showbiz".

Sa conclusion: "Les salles de spectacle sont des lieux de culte. Et ces spectacles servent à désamorcer d'éventuelles révoltes. Si c'est ça le rock, il est condamné à un perpétuel revival. J'exècre ce marché d'images et de simulations."

Quatre décennies plus tard, le passionné de mots est toujours là, en voulant éviter à tout prix de se répéter. Avec cette préoccupation à l'esprit, celui qui vit depuis plusieurs années près de Toulouse a créé en 2002 l'association "Les amis du verbe" dédiée à la parole parlée.

- 'Rester vif' -

A son entrée en scène dans La Coursive de La Rochelle, Annegarn, tout content, annonce avoir appris un mot en ce mercredi brûmeux. "Je ne connaissais pas ce +ça mouillasse+ prononcé par une dame à côté de moi"! Et de "mouiasser" lui-même avec ses lèvres en conclusion de sa deuxième chanson, "Roule ma poule". Applaudissement et hilarité dans la salle.

"Je fréquente des slameurs, j'organise des joutes verbales, je fais en sorte d'être vigilant afin de ne pas m'autoringardiser. Rester vif, c'est la meilleure façon d'être créatif. J'essaie de ne pas lasser le public. Et il m'en est reconnaissant, souvent il répond. On rit et on pleure ensemble", explique-t-il.

L'heure dix passée sur scène en est la preuve, Annegarn remontant 40 années de son répertoire, dans un registre jazz-folk où sa facétie ravit l'assistance, à d'autres instants émus par la mélancolie naturelle du grand escogriffe.

Venir aux Francofolies, c'est aussi un pont avec le passé, l'actuel directeur du festival, Gérard Pont, étant un ami de très longue date. "C'est avec lui que j'ai en quelque sorte commencé ma vie artistique. Je suis celui pour qui il a organisé son tout premier concert. C'était à Brest, en 1977", raconte Annegarn.

"Gérard m'a remis au Printemps de Bourges il y a quelques années et il m'accueille maintenant à La Rochelle. Il m'a même accueilli avec +Les amis du verbe+ il y a deux ans. Il comprend bien mon engagement citoyen et sait que je ne cherche pas nécessairement la gloire."

Malgré ce coup de projecteur estival sur son répertoire, Dick Annegarn ne pense plus faire d'album de chansons. Il dit se sentir "trop à l'étroit dans ce format".

L'homme n'est toutefois pas encore allé au bout de ses envies et des surprises qu'il peut réserver. Il dit travailler à un opéra qu'il espère terminer "dans deux ou trois ans".

A plus courte échéance, le troubadour va se tourner vers la musique classique. "A la fin de l'année, je vais enregistrer avec un orchestre symphonique des chansons de mon répertoire. Le projet s'intitule +12 villes, 12 chansons+, car je profite souvent des villes pour faire des compositions classiques."

Et puis, "l'année prochaine", promet-il, "on fera une tournée. Ce sera une re-création et une récréation".

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