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En Bretagne, de l'eau bénite pour les camping-caristes

"C'est émouvant, magique, un porte-bonheur pour les prochains voyages", confie Anne-Sophie dont le camping-car vient de recevoir quelques gouttes d'eau bénite. Comme elle, des centaines de camping-caristes se sont retrouvés samedi à Malestroit pour leur premier "Pardon", pèlerinage breton où se mêlent procession et fest-noz.

"Dieu vous bénisse et vous garde. Bonne route", lance le prêtre tandis que Jean-Louis se joint à la procession.

Tout au long de l'après-midi, trois prêtres et un diacre se relayeront pour bénir les 195 camping-cars venus de toute la France et de Belgique.

"L'idée est venue lors d'un apéritif avec des camping-caristes qui sont nombreux à venir dans nos églises. On s'est dit qu'il fallait faire quelque chose pour eux sachant que, pas très loin à Porcaro (Morbihan), il y a le Pardon des motards", confie le père Yves Carteau à l'initiative de ce rassemblement.

Le Pardon en Bretagne "prend ses origines du monde celte". Chaque année un clan organisait une assemblée générale au cours de laquelle on renouait les relations, on refaisait l'unité du groupe en se pardonnant les inévitables blessures", explique le père Carteau qui officie à Malestroit, ville étape d'un des chemins du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle.

Originaire de Vendée, Marie-Thérèse a attendu patiemment son tour pour recevoir la bénédiction sous le regard curieux des habitants et touristes nombreux par cette journée ensoleillée. Malgré le vacarme des moteurs, Marie-Thérèse reste imperturbable et écoute attentivement le sermon du diacre.

- Pour croyants et non-croyants -

Une fois la bénédiction achevée en une vingtaine de secondes, la Vendéenne fait le signe de la croix et laisse sa place au prochain véhicule.

"Ca rend le camping-car plus léger. C'est un porte-bonheur, une protection", assure Marie-Thérèse qui a dû s'acquitter de dix euros pour participer à cette première édition du Pardon.

Camping-cariste depuis 1970, Danièle et Jacqueline ont réalisé leur "pèlerinage". "On n'est pas croyant, mais pourquoi pas!", déclare Jacqueline qui recherche en vain ses amis perdus lors de la procession.

Parmi les nombreux camping-caristes présents, le pardon est aussi l'occasion de "retrouver des copains", explique Gilles, 60 ans. "Je suis un peu croyant mais pas religieux. Camping-cariste, c'est avant tout un état d'esprit", affirme-t-il.

"C'est la liberté ! Partir quand on veut, où on veut", renchérit Anne-Sophie qui a parcouru avec son compagnon 15.000 km en 2016. "Pour moi le Pardon, c'est avant tout un rassemblement de passionnés", estime la quadragénaire qui fait partie des plus "jeunes" du rassemblement.

"C'est un mode de voyage que je souhaite transmettre aux plus jeunes", affirme Anne-Sophie qui a eu l'honneur de mener la tête de la procession.

"Ce rendez-vous va permettre aux Malestroits de connaître le monde du camping-car qui ne bénéficie pas toujours de bons points de vue", explique Pierrick Coulombel, responsable Morbihan de la Fédération des campeurs, caravaniers et camping-caristes.

Chaque été à Malestroit, des hordes de caravaniers profitent des 140 places gratuites mises à disposition par la ville et troublent la paisible commune de 2.400 habitants bordée par le canal de Nantes.

Pour la municipalité, il s'agit en revanche d'une nouvelle manne financière. Un verre de l'amitié est offert à chaque "pèlerin du jour". Les restaurants et terrasses ont été pris d'assaut.

Des stands ont été installés sur le site qui accueille la messe en plein-air. Des professionnels de monde du camping-cars proposent de tester des véhicules flambants neuf à 50.000 euros l'unité.

Le Pardon des camping-caristes s'est poursuivi tout au long de la soirée avec un repas et une soirée dansante. Un feu d’artifice devait clôturer ce pèlerinage breton mêlant religieux et profane.

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