Accueil Actu

Femina des lycéens attribué à Nathacha Appanah

Le premier Femina des lycéens a été attribué mercredi à Rouen à Nathacha Appanah pour "Tropique de la violence" (Gallimard), un roman bouleversant sur un adolescent abandonné de l'île de Mayotte, qui n'avait pas été récompensé par les prix littéraires de l'automne.

Ce prix qui va chercher à se faire une place, sur les traces du Goncourt des lycéens, a été décerné dans les locaux de L'Armitière, grande librairie indépendante, par un jury de six lycées de l'académie de Rouen, représentés chacun par deux délégués.

Les deux délégués de chacun des six établissements (trois lycées du centre de Rouen, deux de sa périphérie, et un de l'agglomération havraise) votaient d'une même voix. "Tropique de la violence" l'a emporté avec quatre suffrages contre deux à "L'odeur de la forêt" d'Hélène Gestern (Arléa).

"Le Femina des lycéens est très très bien lancé", a commenté Evelyne Bloch-Dano, écrivain et chroniqueuse littéraire, une des deux "dames du Femina" venue pour l'occasion, en compagnie de Josyane Savigneau, écrivain et journaliste au Monde.

Le prix Femina, qui date de 1904, a la particularité de n'être composé que de femmes. Le premier jury lycéen, dont les délégués avaient été élus par leurs camarades, était très féminisé: 10 lycéennes de classe de première L et S, et seulement deux lycéens.

"Tropique de la violence" raconte l'histoire de Moïse, enfant adopté par Marie, une infirmière, à Mayotte, île aux somptueux paysages de l'archipel des Comores, dans l'Océan Indien, et département français.

Mais au fil des pages on oublie vite la carte postale, sur ce territoire gangréné par l'insécurité, une forte immigration et un chômage massif. Des migrants, venus des Comores ou de Madagascar viennent y chercher une vie meilleure. Des mères abandonnent leurs enfants avec l'espoir de leur offrir un bel avenir.

-Débat animé -

Marie meurt subitement d'un AVC et Moïse, adolescent livré à lui même, va rejoindre "Gaza", le bidonville, "ghetto et dépotoir", proche de Mamoudzou, la préfecture.

"On a beaucoup aimé que le roman se déroule à Mayotte, une île française qui est complètement laissée pour compte, et on s'est un peu retrouvé dans le personnage de Moïse car quand on est adolescent on se sent un petit peu seul", a commenté Milla Grouard, déléguée du lycée Jean Prévost de Montivilliers, à côté du Havre et porte-parole du jury.

"Tropique de la violence" est le sixième roman de Nathacha Appanah, 43 ans, originaire de l'Ile Maurice. Son ouvrage était arrivé en seconde position le 25 octobre pour le Femina, attribué à Marcus Malte pour "Le garçon" (Zulma).

Le débat a néanmoins été animé entre les délégués qui avaient à défendre les trois livres préférés de leur classe. Manon Lenoir, déléguée du lycée Val de Seine du Grand Quevilly, était particulièrement satisfaite du résultat car c'était le livre préféré de sa classe de Première L.

C'est de cet établissement de banlieue dans une zone dite "sensible" qu'est venue l'idée d'organiser un Femina des lycéens.

Pour répondre à la frustration d'élèves de l'établissement d'avoir à attendre cinq ans pour pouvoir participer à nouveau au Goncourt des lycéens, deux professeurs avaient organisé un Femina pour une seule classe puis avaient contacté le jury du prix pour aller plus loin.

Le rectorat de Rouen et la librairie L'Armitière avaient rapidement saisi l'opportunité. L'objectif est désormais d'élargir le prix à d'autres académies.

Ce travail intense de lecture va servir aux élèves pour l'épreuve de français du baccalauréat: la moitié des textes qu'ils présenteront sera issue de la sélection du Femina.

Pour les éditeurs, un prix littéraire peut être commercialement très intéressant. Ces cinq dernières années, le Goncourt des lycéens a eu une moyenne de ventes plus élevée (395.000 exemplaires) que le prix Goncourt (345.000 exemplaires).

À la une

Sélectionné pour vous