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Focus sur la vibrante scène sud-africaine à la Fondation Vuitton

Bouquet final pour le printemps de l'art africain à Paris: un focus sur la bouillonnante scène sud-africaine et un "best of" de la collection Pigozzi, la plus importante au monde, sont proposés par la Fondation Vuitton.

Politique, violence, genre, féminisme, autant de thèmes qui travaillent l'art d'Afrique du Sud à l'image d'une société complexe, multiraciale et dynamique. L'exposition baptisée "Etre là" associe des figures tutélaires - Jane Alexander, William Kentridge, David Goldblatt, David Koloane - et des artistes plus jeunes tels Zanele Muholi, Buhlebezuwe Siwani, Nicholas Hlobo.

Le chien sauvage ou errant est une image récurrente des créateurs de la première génération : "à la fois prédateur et proie, Jane Alexander le transforme en un bataillon de soldats anthropomorphes équipés de rangers, marchant au pas sur un tapis rouge" ("Infantry with beast"), explique Suzanne Pagé, commissaire général.

Dans une vidéo crayonnée, David Koloane fait du chien errant un personnage d'un fait divers tragique, symbole de l'âpre quotidien des townships. Kemang Wa Lehulere se sert des chiens en porcelaine qui décorent beaucoup de maisons sud-africaines pour créer de grandes compositions où les animaux sont associés à des carrés de pelouse dans des valises. En parallèle, il a dessiné pour l'exposition une immense fresque à la craie faisant référence à des épisodes de l'apartheid.

Grande figure de l'art sud-africain, William Kentridge signe une vidéo exceptionnelle, "Notes toward a model opera", superbe collage visuel et sonore, associant musique, graffitis, danse sur fond de cartes géographiques.

Sur un mode plus austère, le grand photographe David Goldblatt documente la révolte des étudiants contre les traces du passé colonial.

- Autodidactes -

Sous le titre "Les initiés", la Fondation Vuitton propose également une sélection de quinze artistes de la collection de Jean Pigozzi, forte de quelque 10.000 pièces collectées entre 1989 et 2009 en Afrique de l'Ouest par le spécialiste André Magnin. "Ca été dur de choisir, explique le collectionneur, Il y des incontournables, comme ils disent à la Fnac. Pour certains artistes, je n'avais pas assez de pièces".

Chacun des créateurs retenus a un espace dédié, symbolisé par une couleur différente, avec plusieurs oeuvres. "A chaque fois un monde singulier", souligne Suzanne Pagé. Le Béninois Calixte Dakpogan crée des masques africains avec des objets de rebus, souvent en plastique; Abu Bakarr Mansaray déconstruit, avec des dessins techniques virtuoses, d'étranges machines; J.D. 'Okhai Ojeikere documente en photos l'infinie variété des coiffures nigérianes; Barthélémy Toguo signe de superbes aquarelles sur le mystère du désir.

"La grande majorité de ces artistes sont des autodidactes. Ils ne connaissaient pas Renoir ou Yves Klein. Ils ont appris la technique par eux-mêmes. Ils ont une inspiration et une force incroyables", souligne Jean Pigozzi.

Le photographe Seydou Keita "ne faisait qu'une prise. C'est un grand maître, aussi fort que Richard Avedon ou Irving Penn", assure-t-il.

"Art/Afrique, le grand atelier" (jusqu'au 28 août).

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