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Houellebecq vedette de la rentrée de janvier... sans nouveau roman

Michel Houellebecq, l'écrivain français le plus connu à l'étranger avec Patrick Modiano, ne publie aucun nouveau roman, pourtant, il occupe comme aucun autre les rayons des librairies avec plusieurs ouvrages, dont l'un révèle un Houellebecq émouvant.

Son éditeur Flammarion publie mercredi la suite de ses oeuvres complètes dans un volume de plus de 1.500 pages rassemblant ses écrits entre 2001-2010 dont "Plateforme", "La possibilité d'une île", "La carte et le territoire" ainsi que près d'une trentaine d'interventions où l'écrivain règle ses comptes avec Jacques Prévert ou dit son admiration pour Neil Young.

Parallèlement, les Cahiers de l'Herne consacrent un numéro complet - une rareté pour un écrivain vivant - à l'auteur des "Particules élémentaires" et font paraître un inédit de Houellebecq consacré à Schopenhauer tandis que "Soumission", roman paru le jour de la tuerie à Charlie Hebdo et qui raconte l'arrivée au pouvoir d'un président musulman dans la France de 2022, vient de sortir chez J'ai Lu.

L'écrivain, plutôt avare de déclarations publiques, était l'invité du journal de 20H00 de France 2 mardi soir. L'occasion pour lui d'assurer qu'il comptait "arrêter" d'écrire des livres à connotations politiques.

"Je pense que les sentiments c'est le plus important. J'en ai pas fini avec ça", a-t-il ajouté.

Reconnaissant que ses romans peuvent paraître "très négatifs", il a aussi souligné "qu'il y a beaucoup de moments de bonheur aussi". "Souvent ça rate de peu", a-t-il regretté.

Interrogé sur la vie politique, l'écrivain, partisan de "la démocratie directe", a soutenu qu'il était abstentionniste tout en rappelant qu'il "aimait bien" Nicolas Sarkozy.

Tiré initialement à 6.000 exemplaires, le numéro des Cahiers de l'Herne consacré à Houellebecq a dû être réimprimé cette semaine.

Spécialiste de l'écrivain, l'universitaire Agathe Novak-Lechevalier, qui a dirigé ce volumineux numéro compare Houellebecq à "une constellation".

- "Je souffre trop" -

"Ecrivain polygraphe, Houellebecq explore tous les genres : poésie, roman, essai mais il multiplie aussi les échappées hors du domaine littéraire; au cinéma, derrière et devant la caméra; en musique, qu'il s'improvise chanteur ou que ses textes suscitent des adaptations; du côté de l'art, là encore comme artiste à part entière ou comme objet d'inspiration...".

On demeure impressionné par la liste des personnalités (une soixantaine au total) qui tentent de comprendre l'écrivain au don d'ubiquité. On croise Emmanuel Carrère, Yasmina Reza mais aussi Iggy Pop, Julian Barnes et Salman Rushdie, tous venus dire leur admiration.

Au-delà de ces louanges, parfois un peu trop appuyées, on se régale des nombreux inédits qui enrichissent ces Cahiers. On trouve notamment une partie de la correspondance entre Michel Houellebecq et son éditrice Teresa Cremisi entre 2009 et 2016. On découvre un Houellebecq tendu alors que son livre "La carte et le territoire" est en lice pour le Goncourt 2010 (qu'il remportera).

Impossible de ne pas être ému en lisant "Mourir", son journal (jamais publié auparavant) de 2005 alors que l'écrivain traverse une profonde dépression. "Je n'en peux plus. Je souffre trop. J'arrête. Je mets fin. Cette fois, je suis vraiment fatigué. Je n'y crois plus. Je ne souhaite faire de mal à personne", écrit Houellebecq dont un des premiers livres publiés avait pour titre "Rester vivant".

En lisant le livre de Modiano, "Un pedigree", l'auteur replonge dans les affres de sa propre enfance. "Lorsque j’étais bébé, ma mère ne m’a pas suffisamment bercé, caressé, cajolé; elle n’a simplement pas été suffisamment tendre; c’est tout, et ça explique le reste, et l’intégralité de ma personnalité à peu près, ses zones les plus douloureuses en tout cas (...) Jusqu'à ma mort je resterai un tout petit enfant abandonné, hurlant de peur et de froid, affamé de caresses", écrit-il.

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