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Jean Genet au cordeau au Studio de la Comédie-Française: "Haute surveillance"

"Haute surveillance", la première pièce de Jean Genet, écrite derrière les barreaux en 1942 et sans cesse remaniée par le sulfureux poète, est donnée dans une version presque trop sobre au Studio Théâtre de la Comédie-Française.

Un gardien de prison (Pierre Louis-Calixte) balaie un sol recouvert de poudre d'un noir profond, traçant de belles figures géométriques. Bientôt, l'espace blanc de la cellule se découpe dans le noir du décor.

Trois figures émergent de l'ombre, trois taulards condamnés à cohabiter dans cet espace clos: "Yeux-verts" (Sébastien Pouderoux), auréolé de son fait d'armes, un viol suivi de meurtre, Maurice (Christophe Montenez) et Lefranc (Jérémy Lopez).

Le trio va jouer pendant 1h15 une pièce tragique, haine et amour mêlés, d'où émerge l'irréductible solitude humaine, devant le spectateur-voyeur, dont le rôle n'est pas si loin du gardien de prison derrière son œilleton.

Cédric Gourmelon, qui monte la pièce pour la Comédie-Française, est familier de Genet qu'il a mis en scène à de nombreuses reprises. Il restitue bien le mystère du texte, où Genet déploie ses thèmes de prédilection: la culpabilité retournée en gloire, le crime exalté en grâce, le mal élevé au rang de sainteté.

Manque toutefois une tension des corps, une violence qui captiverait le public. Christophe Montenez, la "jolie petite gueule" de la pièce, est comme dans "Les Damnés", remarquable dans son rôle ambigu. Peut-être le rodage de la pièce ajoutera-t-il le surcroit de tension qui fait défaut à la mise en scène de cette "Haute surveillance" de basse intensité?

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