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Kent continue d'assembler les pièces de son puzzle musical

Morceaux rock vitaminées, titres plus en clair-obscur avec subtils habillages électro pop, chanson expérimentale... Kent l'aventurier continue à "faire ce qu'il lui plaît" et d'assembler, dans son nouveau disque "La Grande Illusion", les pièces de son puzzle musical.

"J'aime le succès, la scène, j'aime qu'on m'aime, mais je ne fais pas tout pour, car avant tout j'aime faire ce que je veux", affirme à l'AFP l'ex-leader effronté du groupe punk-rock Starshooter (1976-1982).

Cette liberté a un coût: Kent, après des années 1990 jalonnées de succès ("A nos amours", "J'aime un pays", "Juste quelqu'un de bien"...) et des collaborations (Johnny Hallyday, Enrico Macias) admet ne plus avoir "accès à la vitrine". Ses terrains de jeu ne sont plus l'Olympia ou La Cigale, mais plutôt le 104 ou le Flow, une péniche branchée de la capitale où Kent défendra jeudi les chansons de "La Grande Illusion", disque récemment paru.

"Du fait que je n'ai pas une carrière monocorde, le public ne s'y retrouve peut-être pas toujours", reconnaît Kent, l'ex-garnement de La Croix-Rousse passé des bords de Saône aux bords de Marne, à Champigny-sur-Marne où il vit aujourd'hui.

A la fin des années 1990, alors qu'il formait un duo music-hall à succès avec Enzo Enzo, il n'a pas hésité à prendre le contrepied avec un disque inattendu, résolument électro, "Metropolitain", qui va le marginaliser.

"C'est comme +L'Homme de Mars+. A partir du moment où on sort un livre-disque concept (en 2008), on sait qu'on est mal pour le succès. Et quand je veux faire du piano-voix (comme sur son disque précédent), je sais que je ne passerai pas en radio" analyse, lucide, Kent, chanteur mais aussi dessinateur, chroniqueur et romancier.

"Mais j'ai envie et besoin de le faire, donc je poursuis ma voie artistique", ajoute celui qui, par éthique personnelle, avait refusé à l'époque de sa gloire d'être juré à la "Star Academy", "ce qui aurait bien plu à mon banquier".

- "Eparpillé", un hymne rock -

Il s'est lancé avec "La Grande Illusion" dans une énième aventure. "A chaque fois que je fais un disque, j'ai toujours envie de faire quelque chose de nouveau qui me surprenne moi d'abord..."

"Ce disque a été provoqué par une rencontre avec Tahiti Boy, que j'avais choisi en 2013 pour qu'il orchestre la seconde partie d'un concert spécial au Cent-quatre où je jouais deux albums totalement différents de mon répertoire, très chanson française pour "Tous les hommes", électro-rock pour "Metropolitain", une façon de montrer la largeur de l'éventail de mes goûts", raconte Kent.

De cette rencontre est née l'idée d'un album mariant "la chanson et l'électro rock", souligne Kent qui cite comme influences les Stooges, Jacques Brel ou David Bowie.

Dans ce nouvel album, il "met la gomme" d'entrée avec "Eparpillé", un hymne rock fleurant bon ses années de jeunesse, où il lance encore sa voix de baryton martin (baryton léger au timbre le plus proche du ténor, ndlr). Il y est question de l'idée que l'on se fait des autres, idée souvent incomplète de ce qu'ils ont sont vraiment. Comme Kent, dont le portrait apparaît fragmenté sur la pochette, comme un reflet dans un miroir brisé?

Ce Kent d'ouverture, qui rappelle le bateleur, rouflaquettes au vent et guitare en bandoulière de "J'aime un pays", laisse ensuite la place à un Kent plus intimiste. Le chanteur, qui voit désormais nettement se profiler la soixantaine (le 31 mars) aborde des sujets graves, la mort, l'amitié, les sentiments, la maladie, la mélancolie.

Mais derrière la noirceur, l'optimisme finit toujours par prendre le dessus, et le rêve existe encore comme dans "Les Oranges Bleues".

"Moi, je rêve d'un futur meilleur, encore, c'est ma candeur", rappelle Kent qui continue "de faire des chansons qui donnent envie de vivre, malgré tout..."

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