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L'Arabie appelée à s'ouvrir au cinéma malgré l'absence de salles

Il n'y a pas de salles de cinéma en Arabie saoudite mais cela ne doit pas empêcher le gouvernement d'investir dans le septième art afin de promouvoir les divertissements, affirme le directeur du principal festival du film du royaume.

"Nous attendons le changement réel", déclare à l'AFP Ahmed AlMulla quelques jours avant l'ouverture du 4e festival du cinéma qui se tient à Dhahran, dans la province Orientale, du 23 au 28 mars.

"Nous voulons le faire de l'intérieur et non pas en accueillant seulement des événements", ajoute le directeur.

Le contexte est jugé encourageant car le royaume a engagé l'an dernier une prudente politique tendant à offrir à ses habitants une dose de loisirs, malgré l'opposition des milieux religieux conservateurs.

Le public saoudien a ainsi pu assister à un spectacle du groupe de théâtre de New York iLuminate, au festival de pop-art Comic-Con et à un combat de catch organisé par une entreprise américaine de divertissement.

"C'est un plaisir de voir ce genre d'activités ici et les gens venir de l'étranger", se félicite M. AlMulla.

Les films sont essentiellement popularisés par les projections en privé, les Saoudiens étant très portés sur les vidéos en ligne et figurant parmi les plus grands usagers de YouTube.

Le mufti du royaume s'était insurgé en janvier contre la possible ouverture de salles cinémas et la tenue de concerts, affirmant qu'elles seront sources de "dépravation".

- 'Beaucoup de talents' -

Ces réserves n'empêchent pas le succès du festival de Dhahran, qui a repris en 2015 après sept ans d'absence grâce à l'Association de Dammam pour la Culture et l'Art.

Ses projections, tenues d'habitude dans les locaux étroits de l'association, sont prévues cette année dans des espaces plus larges à proximité d'un nouveau centre culturel, dirigé par le géant pétrolier Aramco.

Elles débuteront avec le drame "Wasati", réalisé par Ali Alkalthami, qui relate une attaque d'extrémistes contre un théâtre de la capitale Ryad il y a dix ans.

Le cinéma saoudien commence à être reconnu internationalement. La comédie romantique "Barakah Meets Barakah" de Mahmoud Sabbagh a ainsi été projetée à la Berlinale tandis que "Wadjda" de Haifaa Al-Mansour a été en 2013 le premier film national à participer aux Oscars du meilleur film étranger.

"Nous avons beaucoup de talents non connus", affirme aussi M. AlMulla.

Parmi les réalisateurs des 59 films saoudiens qui seront projetés au festival cette année, certains ont été formés à l'étranger.

Pour M. AlMulla, il serait logique que le gouvernement favorise la formation des talents locaux dans le royaume. "Je pense qu'il doit" financer leur formation car "c'est là le vrai investissement".

Actuellement, l'Arabie saoudite manque de structures pour développer l'industrie cinématographique, même si des étudiantes peuvent suivre des cours de cinéma dans une université pour femmes à Jeddah (ouest).

Le gouvernement a récemment créé une agence pour soutenir les entreprises privées organisant des événements de divertissement dans le cadre de son ambitieux plan Vision 2030 pour des réformes économiques et sociales.

Ce plan prévoit le développement de l'industrie des arts et des médias, mais cette ambition risque d'être freinée par l'absence de salles de cinéma et de théâtre.

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