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L'artiste Poincheval en poule couveuse à Paris

"Qu'un homme couve des œufs m'intéresse parce que cela pose la question de la métamorphose et du genre": l'artiste français Abraham Poincheval couve depuis mercredi une douzaine d'œufs au Palais de Tokyo à Paris.

Trois semaines seulement après s'être enfermé huit jours dans un "sarcophage de pierre" taillé à sa silhouette, cet artiste coutumier des performances étonnantes s'attaque maintenant à son "premier travail avec du vivant".

L'artiste de 44 ans couvera jusqu'à éclosion une douzaine d'œufs de poule, sous les yeux du public. Il s'est enfermé mercredi midi dans un "vivarium" en plexiglas chargé selon lui de "conserver un air et une humidité assez stable".

A l'intérieur : de quoi boire et manger, mais aussi une chaise faisant office de "table de couvaison, avec un trou à l'intérieur et un système pour poser les œufs".

La performance, nommée "Œuf", devrait durer entre 21 et 26 jours. L'artiste ne s'est autorisé qu'une sortie d'une demi-heure chaque jour, afin de ne pas craquer.

Poincheval avait déjà fait les gros titres fin février avec sa performance "Pierre". Mais s'il décrivait cette expérience comme merveilleuse et "pas du tout oppressante", l'artiste reconnaît être plus inquiet pour "Œuf": il s'y sent plus exposé que dans ses œuvres précédentes.

"Avant j'habitais, je faisais corps, j'étais à intérieur des choses. Là c'est une véritable transformation, je suis à l'extérieur, je suis celui qui entoure".

De là découle une autre angoisse: "Il y a un contact beaucoup plus direct avec le public, d'habitude je suis seul avec l'objet. C'est une première" a-t-il déclaré à l'AFP.

Dès le début de sa performance mercredi midi, Poincheval semblait en effet assez mal à l'aise face au public qui l'entourait, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Celui qui se nourrit "essentiellement de littérature et de mythologie" pour créer ses performances dit cette fois-ci s'être inspiré de l'écrivain Maupassant.

Dans sa nouvelle "Toine", le anti-héros éponyme se retrouve immobilisé suite à une crise cardiaque. Sa femme le force alors à couver des œufs.

Mais l'inspiration pourrait aussi venir d'ailleurs: "Quand il était petit, Abraham a eu une petite poule, comme les autres enfants ont un canard ou un chat. Il passait beaucoup de temps à s'en occuper" a confié Christian, son père, à l'AFP.

Une fois nés, les poussins iront couler des jours heureux dans la ferme normande de Christian, qui assure en riant qu'"ils ne finiront pas sur la table".

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