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Célèbre pour son travail de vulgarisation scientifique, le franco-canadien Hubert Reeves se fait "astromusicien" pour la "Folle journée" de Nantes, avec le spectacle "Cosmophonies", un "hymne à la nature" conçu avec la musicienne Karine Lethiec comme une alliance de l'astrophysique et de la musique classique.
"Je ne sais pas comment j'aurais vécu sans la musique (...). Mes plus vieux souvenirs me ramènent à l'image de ma mère jouant une sonate de Beethoven", déclame Hubert Reeves sur la scène de la Cité des congrès, cœur du festival de musique classique nantais, dont la 22e édition est consacrée jusqu'à dimanche à la nature.
Assis dans son fauteuil, un livre ouvert sur ses genoux, il débute le spectacle comme une causerie au coin du feu. Dans un dialogue entre création de l'univers et création musicale, sa partition est accompagnée par l'Ensemble Calliopée, qui interprète des classiques contemporains inspirés par la nature, des "Cloches à travers les feuilles" de Claude Debussy jusqu'à "Quando il vento sognava" ("Quand le vent rêvait") du compositeur italien Daniele Gasparini.
Musicien récitant, ou "astromusicien" comme le qualifie d'un regard complice Karine Lethiec, qui assure la direction artistique de ces "Cosmophonies", Hubert Reeves confie hors scène, d'un léger accent québécois, "(regretter) de ne pas être un musicien au sens habituel".
"J'avais commencé quand j'étais enfant mais évidemment comme tous les gamins, un jour j'en ai eu marre et ça, c'est ma grande frustration. Mais j'essaye de remplacer ou de compenser par le fait de vivre avec des groupes de musiciens et de vivre ces expériences où la musique et où le texte peuvent s'intégrer et faire partie d'une œuvre composée. C'est ça que j'aime dans cette expérience", livre-t-il.
- 'Diminuer la distance' -
Quand les lumières s'éteignent dans la salle, récitant et musiciens apparaissent sur scène pieds nus, pour "désacraliser, arriver le plus naturellement possible", indique Karine Lethiec, "diminuer la distance qu'il y a entre l'artiste" et le public, répond en écho Hubert Reeves.
A la "Folle journée", "on participe ensemble à quelque chose, on se sent proche des autres personnes", note-t-il.
Pendant que l'astrophysicien lit des extraits tirés de trente livres écrits sur trente ans, "reconstruits comme un kaléidoscope" par Karine Lethiec, des "images de l'infiniment grand, les galaxies, les nébuleuses, les planètes, notre univers, et des images de l'infiniment petit" sont projetées sur grand écran.
"Nous avons voulu jouer dans le choix de ces images sur la juxtaposition de ces deux mondes, la nature, la très grande nature, et la nature à l'intérieur comme si on rentrait dans les électrons", explique la musicienne.
Une collusion d'astéroïdes en grand format accompagne le récit du conteur d'étoiles Hubert Reeves qui, en regardant dans les yeux les spectateurs, évoque "cette histoire qui s'étend sur quatorze milliards d'années".
"Hubert Reeves nous raconte d'une manière si +simple+, si accessible que nous sommes tous des poussières d'étoiles, nous les musiciens, nous les mélomanes", s'enthousiasme Karine Lethiec.
Pour ce défenseur de la planète, auteur notamment de "Mal de terre", le spectacle "Cosmophonies", "occasionnellement militant", est également une "occasion pour faire passer la bonne parole" contre le réchauffement climatique et l'épuisement des ressources naturelles.
