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L'œuvre "inclassable" du plasticien Daniel Dezeuze s'expose à Grenoble

Plasticien "inclassable", entremêlant peinture et sculpture avec un regard aiguisé sur son art et sur le monde, Daniel Dezeuze fait l'objet d'une rétrospective jusqu'au 28 janvier au musée de Grenoble.

Dix-sept salles retracent le parcours, sur cinq décennies, de ce natif d'Alès (Gard), aujourd'hui âgé de 75 ans et dont la dernière exposition d'ampleur remontait à 1998, au Carré d'Art de Nîmes.

De ses premières toiles figuratives ou abstraites (1962-67) à ses dernières œuvres, dont les vingt "Tableaux-valises" colorés (2004-2015), elle donne à voir la richesse et la complexité de son utilisation des matériaux, des couleurs, des formes géométriques et de l'espace - notamment ses pleins et ses vides.

Ce cheminement laisse aussi transparaître comment la radicalité de certaines de ses propositions artistiques, aussi déroutantes pour ses admirateurs que pour le grand public, fut influencée par les soubresauts de la société - Mai 68 en tête.

A sa demande, la scénographie est cependant dépourvue de textes introductifs et d'éléments biographiques, afin de préserver la neutralité du regard du visiteur.

De salle en salle, on suit les préceptes apparus progressivement dans le travail du plasticien: "dépouiller" la peinture afin de "libérer l'artiste" et traduire "l'espace réel sans passer par la perspective", décrypte Guy Tosatto, directeur du musée de Grenoble.

Issu d'un milieu bourgeois, Daniel Dezeuze s'est écarté, passé ses vingt ans, de la peinture classique et figurative - à laquelle il avait été initié par son père Georges - en découvrant l'expressionnisme et les muralistes mexicains.

En 1967, il s'installe à Paris après un détour par l'Amérique qui lui permet de mûrir au contact de l'avant-garde de l'art contemporain. Au tournant des années 70, avec plusieurs de ses pairs, il fonde "Supports/Surfaces", un mouvement éphémère qui prône une démystification des tableaux et invite à sortir du cadre.

"J'ai toujours cherché à alléger la peinture, au propre comme au figuré, de ce qui me semble son obscénité fondamentale", explique l'artiste dans un entretien donné en 1980.

Son travail se développe dès lors à mi-chemin entre peinture et sculpture, "entre la mise à nu de la peinture, à travers celle du tableau, et sa relation à l'espace, ce qui rend son œuvre inclassable", souligne Guy Tosatto.

De cette entreprise de déconstruction naîtront les "Châssis avec une feuille de plastique tendu" (1967) ou le "Quadrillage de rubans de toile" (1972), préfigurant son attrait pour les matériaux les plus divers (bois, étoffes, métal oxydé...).

L'exposition dévoile plusieurs de ses sources d'inspiration, où dominent le Moyen-Âge et la Nature: celle-ci lui souffle en particulier les "Objets de cueillette" (1993), assemblage d'instruments utilisés dans les champs et forêts.

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