Accueil Actu

L'Opéra Comique rouvre après travaux avec un joyau de Marin Marais

L'Opéra Comique rouvre enfin après 10 ans de travaux par intermittence et 20 mois de fermeture totale avec un joyau du répertoire baroque, "Alcione" de Marin Marais, popularisé par le film "Tous les matins du monde" en 1991.

Le plus charmant des théâtres lyriques parisiens, avec sa salle à l'italienne et ses salons et rotondes propices aux rencontres des jeunes gens de bonnes familles, a vu naître des chefs d’œuvre comme "Carmen" et "Lakmé".

Depuis son ouverture en 1783, la salle Favart en a vu des vertes et des pas mûres: elle a brûlé deux fois (1838 et 1887), ce qui lui valut, ainsi qu'à tous les théâtres, l'obligation de s'équiper à l'électricité !

Pour sa réouverture mercredi, une bouffée d'air frais soufflera pour la première fois depuis longtemps: la ventilation a été entièrement refaite. "C'est un rafraichissement au sens propre", sourit son directeur Olivier Mantei, évoquant les 2,3 km de gaines de ventilation parfaitement invisibles sous les ors et les stucs.

Le "rouge Favart" des tapisseries a été retrouvé pour la réfection des murs, les mosaïques du plafond, peintures, sculptures, marbres et dorures ont été restaurés, et c'est un théâtre pimpant qui accueille jusqu'au 7 mai "Alcione".

Les travaux auront coûté 17 millions d'euros et duré dix ans, à raison de deux ou trois mois l'été depuis 2007 et d'une fermeture totale pendant 20 mois. Outre la ventilation, l'accessibilité pour les personnes à mobilité réduite a été améliorée avec des places spécifiques et de nouveaux ascenseurs.

"Il s'agissait de donner un nouvel éclat en tenant compte des contraintes modernes, le tout sans que cela se voie", souligne Olivier Mantei.

Une tempête baroque va souffler sur la salle rénovée avec "Alcione", le chef d'oeuvre de Marin Marais. Le nom du gambiste et compositeur baroque mort en 1728 est connu du grand public grâce au roman de Pascal Quignard porté à l'écran par Alain Corneau, avec Jean-Pierre Marielle et Gérard Depardieu.

Le film, qui a largement contribué au renouveau de la musique baroque il y a 25 ans, raconte l'apprentissage du jeune Marin Marais auprès du maître de la viole de gambe Monsieur de Sainte-Colombe et de ses deux filles, Madeleine et Toinette.

- Acrobates et danseurs -

C'est le grand maître de la viole d'aujourd'hui, Jordi Savall, interprète de la bande originale du film, qui va diriger "Alcione". La mise en scène a été confiée à Louise Moaty, familière de l'opéra, qui a imaginé avec la chorégraphe Raphaëlle Boitel un machinerie de cordages et d'agrès évoquant aussi bien le monde maritime décrit dans "Alcione" que le cirque.

Huit acrobates et danseurs participent à la production, portée par de jeunes talents du chant français (Lea Desandre, récemment couronnée d'une Victoire de la musique, Cyril Auvity, Marc Mauillon...)

L'oeuvre conte les malheurs d'Alcione, fille du dieu des vents, en butte à la colère divine lorsqu'un mortel, le roi de Trachines, se met en tête de l'épouser. Destruction du palais, apparition des enfers, tempête, naufrage: les éléments se déchaînent contre le couple amoureux.

"La Tempête d'Alcione" est si expressive qu'elle devient un "tube" de l'époque, que le Roi Soleil se fait jouer à Versailles.

L'oeuvre va rester à l'affiche de l'Opéra depuis sa création le 18 février 1706 jusqu'à 1771. Puis, plus rien: "Alcione" disparaît des affiches parisiennes et n'est que rarement jouée aujourd'hui.

La mise en scène de Louise Moaty recrée avec le monde du cirque l'enchantement de la machinerie "à l'ancienne" déployée par Marin Marais pour satisfaire le goût du public du 18e siècle pour le merveilleux.

"Alcione" sera donnée ensuite les 8, 10 et 11 juin à Versailles à l'Opéra royal, avant Caen et le Liceu de Barcelone en 2018.

À la une

Sélectionné pour vous