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Opéra de Lyon: le directeur du ballet condamné après avoir congédié une danseuse devenue maman

Le directeur du ballet de l'Opéra de Lyon a été condamné jeudi à six mois de prison avec sursis pour discrimination au travail et harcèlement après avoir demandé le non-renouvellement du contrat d'une danseuse à son retour de maternité.

Le tribunal correctionnel l'a condamné en outre à une amende de 5.000 euros, à 20.000 euros de dommages et intérêts pour la plaignante et à verser 4.000 euros au syndicat des artistes musiciens professionnels de Lyon, qui s'était également constitué partie civile. Un jugement conforme aux réquisitions du procureur.

Les faits remontent à 2014. Karline Marion a 34 ans, elle est en CDD à l'Opéra de Lyon depuis cinq ans et se trouve à ce moment crucial où son contrat sera requalifié en CDI s'il est renouvelé une 6e fois.

Mais, deux jours après son retour de congé maternité, une lettre lui signifie son non-renouvellement. Yorgos Loukos, directeur du ballet depuis 33 ans, motive sa décision auprès de la ville de Lyon qui embauche les danseurs du ballet: "Faiblesse physique et stylistique", "style trop classique" pour une danseuse qui a effectué toute une partie de sa carrière au ballet Béjart.

Or, lors d'un entretien quelques jours plus tard, enregistré en cachette par la danseuse, Yorgos Loukos explique: "je pense que si entre 29 et 34 ans, tu as fait pas mal mais pas beaucoup, c'est pas entre 35 et 40 que tu vas faire plus, en plus avec un enfant".

A un autre moment, évoquant un déplacement de la danseuse à Bordeaux en tournée pour s'entraîner avec la troupe, il dit: "Tu peux rester à Lyon pour faire ta gym et t'occuper de ton truc". Ce "truc" étant son enfant.

"Il y a 14 filles dans la compagnie, dix ont des enfants et ça ne pose pas de problème", a tenté de se justifier jeudi à la barre Yorgos Loukos, 67 ans, célibataire et sans enfant, lors d'échanges tendus avec le président qui lui lance à moment: "C'est moi qui mène la danse ici".

Des propos "blessants" pour la danseuse, qui n'a pas vraiment rebondi depuis et suit une formation pour pouvoir enseigner son art.

A sa sortie du tribunal, Yorgos Loukos, défendu par Me Frédéric Doyez, a qualifié le jugement du tribunal de "ridicule", expliquant que chaque année des danseurs qui ne donnent plus satisfaction sont congédiés. Il fera appel.

Karline Marion, les larmes aux yeux, a eu "le sentiment d'avoir été entendue" après "un chemin difficile et long", au cours duquel elle s'est sentie la porte-parole de nombreuses danseuses qui n'osent pas forcément parler.

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