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Commercialisation interdite du DVD d'un spectacle de Dieudonné

Interdit sur les planches, le spectacle de Dieudonné "Le Mur" l'est aussi de vente en DVD. La justice a jugé mercredi certains passages relevant de la provocation à la haine envers les juifs, de l'apologie et de la contestation de crimes contre l'Humanité.

Début 2014, plusieurs arrêtés avaient été pris pour interdire les représentations du spectacle du polémiste dans plusieurs villes.

Dieudonné M'bala M'bala, 49 ans, les avait contestés devant la justice administrative, jusqu'au Conseil d’État, qui avait confirmé la validité des arrêtés.

L'humoriste controversé s'était ensuite engagé à ne pas reprendre les passages attentatoires à la dignité humaine et de nature à provoquer à la haine et à la discrimination raciale, mais le Conseil d'État avait de nouveau validé l'interdiction d'une autre représentation.

Il n'a plus joué depuis ce spectacle, mais le DVD a été commercialisé sur le site internet de Dieudonné à partir de fin juillet 2014.

Saisi par la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme), le tribunal de grande instance de Paris a ordonné le retrait du DVD de la vente et a interdit sa commercialisation, des mesures rares.

Les juges de la 17e chambre civile ont jugé certains passages du DVD constitutifs de provocation à la haine et à la violence raciale ou religieuse, d'apologie et contestation de crimes contre l'Humanité, d'apologie des délits de crimes de collaboration avec l'ennemi.

Dieudonné et les productions de la Plume ont en outre été condamnés à verser solidairement 5.000 euros de dommages et intérêts à la Licra et 2.500 euros pour les frais de justice.

- "Les bourreaux nazis riaient" -

Le tribunal souligne notamment les "stéréotypes antisémites" contenus dans certains passages, qui relèvent de la provocation à la haine envers les juifs.

Un passage dans lequel Dieudonné émet un doute sur la responsabilité respective des nazis et des juifs pendant la deuxième guerre mondiale, et dans lequel il dit que "Hitler n'était pas raciste" a été jugé constitutif de contestation de crimes contre l'Humanité. Un autre, où il qualifie le maréchal Pétain de "brave homme", d'apologie de collaboration avec l'ennemi.

Le tribunal a jugé un autre passage, dans lequel il s'en prend au journaliste Patrick Cohen, constitutif de l'apologie de crime contre l'Humanité.

Ces mêmes propos - "Si le vent tourne, je ne suis pas sûr qu'il ait le temps de faire sa valise. Quand je l'entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz... Dommage" - ont également donné lieu à des poursuites pénales contre Dieudonné. Le jugement doit être rendu le 19 mars.

"La liberté d'expression, ce n'est pas tenir des propos qui provoquent à la haine antisémite ou à la contestation de crimes contre l'Humanité", a réagi Me David-Olivier Kaminski, avocat de la Licra et président de la fédération de Paris.

Le conseil de Dieudonné, Me Sanjay Mirabeau, n'a quant à lui pu être joint. A l'audience, il avait plaidé qu'il fallait "prendre les propos dans leur intégralité" et "analyser tout le spectacle". "On est dans les règles de l'art d'un spectacle humoristique", avait-il ajouté.

"Les bourreaux nazis riaient quand ils commettaient leurs exactions", a déclaré mercredi Me Kaminski.

Déjà condamné à de nombreuses reprises pour des propos antisémites, Dieudonné attend le 18 mars le jugement du tribunal correctionnel de Paris concernant les poursuites engagées contre lui pour apologie du terrorisme pour son message sur Facebook "Je me sens Charlie Coulibaly", en référence à l'un des auteurs des attentats meurtriers de Paris.

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