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Des jeunes qui ont grandi ensemble dans une cité sociale de la banlieue nord de Bruxelles ont fondé un groupe de rap baptisé LDS. Leurs premières chansons parlent de la délinquance des quartiers, mais aussi des thèmes plus légers, comme le sport ou les voitures.
Nasser, 17 ans, nous a joints via notre bouton orange
Deux rappeurs portés par toute "une famille"
Brian a 17 ans, Nathan 18. Ils se sont rencontrés à l’école primaire, puis ont fréquenté différents établissements scolaires après la troisième. Brian est actuellement en sport-études dans une école de Charleroi. Il fait du karaté et a l’intention de poursuivre les études. Nathan étudie aussi en sport-études, mais dans une école néerlandophone de Louvain. Il fait de la boxe et compte plus tard rejoindre l’armée.
Comme Nasser, Brian et Nathan voient en LDS "une famille". "Il y a beaucoup de gens qui nous soutiennent. Nous, on est les chanteurs du groupe", explique modestement Brian. Les membres du groupe viennent de la même cité. Un lieu dont les rappeurs ne souhaitent pas mentionner le nom dans le cadre de cet article. "On préfère ne pas représenter spécialement un quartier", explique Brian.
Un premier clip avec 25.000 vues sur YouTube
LDS a été fondé en mai 2016 quand Brian et Nathan ont décidé, "sur un coup de tête", de quitter le groupe "Urban V". "On ne partageait pas les mêmes points de vue, explique Brian. L’autre groupe c’était du rap hardcore et on voulait toucher plus de monde." Dans la foulée, les deux acolytes ont écrit "Sous Écrou", dont le clip a été regardé plus de 25.000 fois sur YouTube. Une audience qui n’est pas encore à la hauteur des espérances de leurs auteurs. "Avec Urban V, on avait 100.000 vues en quelques mois", note-t-il. En termes de notoriété, LDS a dû repartir de rien, explique-t-il.
Les activités illicites se soldent toujours par "le même tarif"
Le clip de "Sous Écrou" est inspiré de la réalité de la cité sociale où ont grandi les membres de LDS. Le personnage qu’interprète Nasser vit dans une famille de la cité confrontée à des difficultés financières. Ses deux grands frères ont suivi des parcours opposés, l’un ayant beaucoup étudié, l’autre incarcéré pour des "trucs illicites", dit Nasser. Le plus jeune frère cherche un travail mais sa candidature est toujours rejetée — "Serait-ce notre couleur de peau ?", interroge LDS. Le réfrigérateur familial désespérément vide, le jeune homme décide de passer à l’action, "pour aider la reumda" (la mère), avec une arme trouvée dans la chambre de son frère : il se lance dans un braquage mais finit par se faire écraser par une voiture en quittant les lieux. "L’argent sale, c’est qu’un temps, tôt ou tard c’est le même tarif", chantent Brian et Nathan.
Un deuxième clip tourné dans une salle de boxe
Début décembre, LDS a publié un second clip, moins sombre et plus entraînant, intitulé "Vesqui". Les rappeurs, qui pratiquent tous deux des sports de combats, se retrouvent dans un club de boxe et chantent "pour les boxeurs et ceux qui pratiquent les arts martiaux". Ils en profitent pour faire la promotion d’AsiaSport, un magasin spécialisé dans les articles liés aux arts martiaux dont le dirigeant est un proche du groupe. Celui-ci a pris en charge les frais du clip. À la fin de la vidéo, LDS laisse entrevoir leur prochaine production, "PLV", "une sorte de délire par rapport à la voiture, la vitesse, la manière de conduire", annonce le jeune rappeur.
Plein de projets, mais les études d’abord
Le groupe a "énormément de sons en stock" et plein de projets, dont une suite à leur titre "Sous Écrou". Leurs clips ont beau rencontrer un certain succès sur YouTube, les deux jeunes gardent les pieds sur terre. Si ça buzz "tant mieux", mais le premier objectif reste les études, souligne Brian. "Le rap, c’est en parallèle", ajoute-t-il. "Si ça passe, ça passe. Si ça casse, ça casse. Mais si ça passe... je suis là", lance Nathan.