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Le monde de la télé française en deuil: Jean-Christophe Averty est décédé

Réalisateur et producteur, poète et musicien, Jean-Christophe Averty est décédé samedi à 88 ans. En quelque 500 émissions parmi les plus novatrices, ce créateur en perpétuelle ébullition aura bouleversé la télévision. Ce promoteur de "l'art de l'imagination", auquel France 3 a consacré un documentaire il y a seulement un mois, est mort dans la matinée, dans son sommeil, en région parisienne, a indiqué à l'AFP son fils Christophe.

L'annonce a suscité de nombreuses réactions, révélant l'importance de son héritage. "Ma jeunesse devant ses folies... Furieusement drôle. Il avait fait de la télé un Art à part entière", a notamment souligné Christophe Dechavanne sur Twitter.


Une riche carrière dans de nombreux domaines

En 50 ans de carrière, Jean-Christophe Averty fit exploser codes et formats, proposant des clips avant l'heure, revendiquant aussi la filiation du surréalisme, adepte de l'humour et de la dérision.

Son travail, salué en 1990 d'un 7 d'or d'honneur, révélait l'éclectisme de ce boutefeu, homme de passion aimant la provocation et abordant tous les genres: fiction, variétés, peinture, shows, bande dessinée, théâtre électronique, jazz...

On l'a aussi entendu à la radio: sur France Inter, son débit rapide, sa voix légèrement véhémente et célèbre pour son "zozotement", anima durant près de trente ans l'émission "Les Cinglés du music-hall", véritable entreprise de réhabilitation du patrimoine de la chanson française (prix 1979 de la meilleure émission). Il en fera une série télévisée en 1982.


Son parcours

Né le 6 août 1928 à Paris, d'un père quincaillier et d'une mère institutrice, Averty débute dès 1952 à la Radio-télévision française (RTF), au moment où le petit écran arrive dans les foyers. Diplômé de l'Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC, devenu la Fémis), il réalise des courts métrages, dont "Ann" qui lui vaut une mention spéciale pour la couleur au Festival de télévision de Monte-Carlo (1966).

Trois ans plus tôt, il s'était fait remarquer pour son audace iconoclaste (trucages, rythme, modernité du plateau) avec "Les Raisins verts" (1963-64), une émission provocante, incluant un broyage de poupée en celluloïd qui fit scandale. Le programme fut aussitôt récompensé, recevant le grand prix international de la télévision américaine.

Averty poursuit sa trajectoire ouvertement novatrice avec les émissions "Douches écossaises" (1964), "Au risque de vous déplaire" (1966), "Show effroi" (1969), tout en participant régulièrement aux programmes "Cinq colonnes à la une" (1961-64) et "Dim-Dam-Dom" (1965-66).

Admirateur d'Alfred Jarry et de la pataphysique ("la science des solutions imaginaires"), Averty -devenu en 1990 membre du Collège de pataphysique- lui rend hommage en réalisant "Ubu Roi ou les Polonais" (1965), suivi de "Ubu enchaîné" (1971) et "Le Surmâle" (1980). Après ce théâtre électronique, il lui consacrera en 1995 un portrait pour l'émission "Un siècle d'écrivains".

Entretemps, dans des shows ou des documentaires au style inimitable, le réalisateur met en images de grands chanteurs, comme Yves Montand ("Happy New Yves", "Montand de mon temps"), Gilbert Bécaud ("Becaud and co") ou Johnny Hallyday.

Plus tard, il s'intéressera à Claude Nougaro, Françoise Hardy, Juliette Gréco, Nana Mouskouri, Henri Salvador et Serge Gainsbourg, dont il a adapté en 1971 pour la télévision l'album-concept "Histoire de Melody Nelson".

En 2000, il reprend la caméra pour filmer le récital de Zizi Jeanmaire pour Arte.

Créateur insatiable, Averty, qui consacra plusieurs émissions au jazz ("Jazz memories", "Jazz au studio 4") et filma les festivals d'Antibes et Juan-les-Pins, réalisa aussi une quinzaine de fictions, dont "Le Mascaret" (1957), "Les verts pâturages" (1964, avec Claude Santelli), "Chanteclerc" (1976) et "Le dernier jour d'un condamné" (1992).

"C'était un homme passionné, tout entier dans son travail", mais qui sut aussi transmettre sa passion pour les arts à ses trois enfants, a souligné son fils cadet Christophe.

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