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"Ouï", Camille a totalement envouté le Printemps de Bourges

Haut la voix et haut la main: la chanteuse Camille, attendue comme le loup blanc, a réussi son grand retour à la scène après quatre ans d'absence, offrant au Printemps de Bourges ses premiers grands frissons, mercredi pour la deuxième journée de sa 41e édition.

C'est à l'Auditorium que 450 privilégiés ont pu découvrir les nouvelles expériences vocales et sonores de Camille (Dalmais, de son nom complet), qui débutait officiellement sa tournée, avant la sortie le 2 juin de son cinquième album, "Ouï".

Fait rare, les photographes n'étaient autorisés à dégainer leurs appareils qu'à partir de la troisième chanson. Et pour cause: sur les deux premières, impossible de voir la star du soir.

Allongée à même la scène, intégralement enveloppée d'un drap couleur indigo, elle débute par une reprise de Joni Mitchell, "Blue", avant de se mettre sur ses pieds nus et d'entonner l'inédit "2012". Ses six musiciens et choristes pénètrent alors sur son territoire et l'accompagnent au gré des rythmiques.

Sa tête apparaît enfin pour entonner "Sous le sable", issu de "Ouï". Ce long voile indigo finira par se muer en toge puis en robe, à mesure que la chanteuse s'y débat pour sortir ses bras.

- La fascination opère -

Sortie victorieuse de son combat sensuel avec son placenta de soie, Camille a fait basculer la soirée entre chamanisme et rite païen, ses incantations pulsatives envoutant son auditoire. La fascination opère même pour les plus athées. Les convertis, eux, sont aux anges.

Accompagnée de trois choristes féminines qui viennent parfois danser la ronde autour d'elle, tandis que les trois garçons s'affairent aux percussions et aux claviers, la déesse aux mille voix impressionne.

Comme s'il fallait un intermède, après cette première partie de si haute volée, Camille installe un moment d'une inattendue convivialité, en invitant des spectateurs à s'essayer à la bourrée sur "Les loups", une chanson sans âge qu'elle a fait passer à l'ère électronique.

La seconde partie la voit alterner dans un même ballet d'émotions ses dernières compositions ("Twix", "Piscine") et d'autres plus anciennes ("Ilo Veyou", "Paris"), jusqu'à "Fille à papa". Cette chanson écrite pour son père récemment disparu, elle l'interprète vêtue d'un drap blanc. La couleur du deuil dans certaines cultures.

Finir par la mort n'est pas raisonnable, Camille, jeune femme de 39 ans pleine de vie, ne le sait que trop bien. Son rappel, tambour battant au milieu du public sur "Seeds", morceau de bravoure du dernier album, constitue une grande renaissance en début de rappel.

- 'L'impression de voler' -

"Merci, merci. C'est le tout début de la tournée et... on a déjà l'impression de voler", répond-elle émue aux longues ovations du public, avant de conclure avec une vibrante et langoureuse reprise de "Cucurrucucu Paloma", une chanson populaire mexicaine datant des années 1950.

Finalement, mercredi s'annonçait comme la journée de la femme dans ce Printemps, puisque avant Camille, la sensation Fishbach a déployé sa machine à tube 80's avec sa voix joliment rocailleuse, dans un théâtre Jacques-Coeur plein à craquer.

Devant un décor sorti tout droit d'un clip de Murray Head, période "Bangkok", la jeune femme a constamment été sur le fil du rasoir, avec une mise en scène qui frôla parfois le ridicule. Mais son talent évident et son indéniable présence l'ont retenue de chuter. Tant est si bien qu'elle a mieux fini qu'elle a commencé.

Plus tôt, avaient démarré les premiers concerts des Inouïs, qui regroupent une trentaine d'artistes présentés comme la relève musicale. La Suissesse Sandor s'est illustrée avec une new wave brute et des paroles parfois crues. Particularité: elle a 35 ans. Soit presque deux fois plus que la plupart des autres en scène. Il n'y pas d'âge pour éclore.

Jeudi, une autre femme tiendra le haut de l'affiche: Barbara. Mais cette fois ce seront des hommes (Dominique A, Vincent Delerm, Tim Dup...) qui la chanteront lors d'une création qui rendra hommage à la "Dame en Noir" disparue il y a vingt ans.

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