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Le retour du "Cid" à l'Opéra de Paris après presque 100 ans d'absence

"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années"... et pourtant, "Le Cid" de Jules Massenet a du attendre presque 100 ans avant de revenir à l'affiche du Palais Garnier, avec Roberto Alagna dans le rôle titre.

L'opéra de Massenet inspiré par l'oeuvre de Corneille, créé au Palais Garnier le 30 novembre 1885 est repris en 1900 et ne tient ensuite l'affiche que deux fois à l'Opéra de Paris, en 1905 et 1919.

La production donnée à partir de vendredi au Palais Garnier a été créée en 2011 à l'Opéra de Marseille, avec une mise en scène classique de Charles Roubaud, qui transpose l'action (initialement située au XIe siècle) sous Franco.

Michel Plasson, grand défenseur de la musique française, est tout indiqué pour cette partition brillante de Massenet qui ménage quelques touches de couleur locale espagnole. La distribution est à la hauteur: outre le Rodrigue valeureux et charmeur de Roberto Alagna, on peut compter sur la Chimène de la mezzo-soprano Sonia Ganassi, spécialiste du bel canto italien. Les seconds rôles ont été soignés avec Annick Massis (l'Infante), Paul Gay (Don Diègue), Nicolas Cavallier (le roi) et Laurent Alvaro (Le Comte de Gormas).

Le rôle de Rodrigue "est terrible à chanter", a confié Roberto Alagna au magazine "En Scène" de l'Opéra de Paris. "Massenet a multiplié les difficultés. Un exemple: le ténor fait son entrée, prononce trois mots puis attaque Ô noble lame, un air façon Otello, qui dure dix minutes, sur une tessiture tendue avec un si bémol dès la quatrième note sans compter une masse chorale de 120 chanteurs et un orchestre qu'il faut dominer avec sa seule voix, tout cela à froid!"

Surtout, le rôle embrasse très large, de l’héroïsme au romantisme, "d'Otello à Roméo", explique-t-il. Le rôle de Chimène n'est pas moins exigeant, avec des aigus redoutables qui culminent dans le grand air "Ô jours de première tendresse" qui précède le départ de Rodrigue à la guerre.

Le livret, très proche de la pièce de Corneille, est l'occasion de réviser ses classiques: de "Ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie!" à "Rodrigue, as-tu du coeur", tout est là, admirablement servi par la diction impeccable de Roberto Alagna ... un bonheur!

"Le Cid", du 27 mars au 12 avril, Palais Garnier de l'Opéra de Paris.

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