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Le thriller "Mon garçon" emmène Guillaume Canet en terre inconnue

Un tournage resserré en six jours, avec un acteur principal, Guillaume Canet, ignorant le scénario: le procédé du réalisateur Christian Carion pour "Mon garçon", dans les salles mercredi, est inédit, animé par le désir de faire un film "très libre".

Guillaume Canet y incarne un père divorcé, souvent en déplacement à l'étranger, qui apprend lors d'une escale en France par son ex-femme Marie (Mélanie Laurent) que leur fils de sept ans a disparu lors d'une classe verte en montagne. Commence alors pour cet homme une course contre la montre afin de retrouver son enfant.

Christian Carion avait en tête depuis longtemps l'idée de réaliser un film policier sur ce sujet et tenait à le faire avec Guillaume Canet, avec qui il avait tourné "L'affaire Farewell" et "Joyeux Noël", raconte-t-il. Mais quand il lui a reparlé du projet en 2016, l'acteur et réalisateur, en plein bouclage de son propre film "Rock'n Roll", manquait de temps.

"Guillaume a vu que j'étais déçu", se souvient Christian Carion. Surgit alors une idée un peu folle: tourner le film en temps réel. "Combien de temps dure ton histoire dans la vraie vie, trois jours? Alors tournons en trois jours", a proposé Guillaume Canet. Ce sera finalement le double.

Les deux hommes se sont également inspirés d'un long-métrage allemand, "Victoria", tourné d'un seul tenant. Ils en gardent l'idée de réaliser chaque scène de "Mon garçon" en une prise unique.

Pour corser le tout, Christian Carion a demandé à Guillaume Canet de jouer à l'aveugle, sans connaître l'histoire, avec juste quelques lignes sur son personnage.

"J'avais envie de faire un film très libre, un peu expérimental", explique le réalisateur.

Pour mener ce projet à bien, le cinéaste, plus habitué aux films historiques ("Joyeux Noël", "En mai fait ce qu'il te plait"), avec de nombreux figurants, s'est entouré d'une équipe technique réduite et une dizaine d'acteurs.

- Nerfs à rude épreuve -

Pendant deux semaines, sur le plateau du Vercors, "on a répété en suivant le scénario, avec une doublure de Guillaume, en imaginant ce qu'il allait dire, faire", se souvient Mélanie Laurent. "On a été très naïfs", rit-elle, car rien ne s'est vraiment passé comme prévu.

Le jour J, Guillaume Canet s'est présenté gare de Lyon à Paris avec une simple valise. "Je ne savais rien", s'étonne encore le comédien. "Je suis arrivé (...) et là: +voilà ton téléphone portable, voilà les clés de la voiture qui va t'attendre à la gare (d'arrivée). Moteur, c'est parti!+"

Pendant le tournage, il a été logé à l'écart du reste de l'équipe, pour que personne ne vende la mèche.

"On est complètement laissé à soi-même, (...) sur le qui-vive, tendu, surpris par ses propres émotions, colères, violences", décrit le comédien, obligé d'inventer ses dialogues et de réagir sans cesse à chaud, mais qui a vécu cette aventure comme "un cadeau".

Pendant les prises, Christian Carion le guidait a minima, pour lui dire par exemple d'entrer dans une maison. "Je laissais faire et je n'intervenais que lorsque ça ne fonctionnait vraiment pas", raconte-t-il.

Les nerfs des autres acteurs ont aussi été mis à rude épreuve. "On attendait Guillaume sur les décors, sans savoir exactement quand il allait arriver. Lui avançait avec son ressenti, sa rage, ses émotions. Tandis que nous, on devait faire passer un message. Et selon ce qu'il disait, on était foutu ou pas, car il n'y avait qu'une seule prise", se souvient Mélanie Laurent, qui avoue avoir "perdu le sommeil".

Mais le résultat est là. "C'est un film sur la paternité" et "l'histoire d'un homme qui devient un animal", emporté par l'angoisse qu'on puisse faire du mal à son enfant, décrypte son réalisateur. "Si on avait tourné classiquement le film, on n'aurait pas eu ce résultat."

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