Accueil Actu

Leonard Cohen, présence virtuelle dans un musée de Montréal

Un an après son décès, la créativité du chanteur canadien Leonard Cohen rayonne dans le Musée d'art contemporain (MAC) de Montréal dans une exposition à la fois sonore et visuelle grâce aux artifices de la technologie.

Avec l'exposition "Une brèche en toute chose", qui a ouvert jeudi pour cinq mois, une quarantaine d'artistes imaginent et illustrent les chansons de Leonard Cohen avec des installations, parfois incongrues, comme une pièce fermée à clé, un orgue dont les touches récitent des paroles ou encore un spectacle vivant avec une chorégraphie projetée au sol.

Dans le cadre des nombreuses commémorations pour le premier anniversaire de sa disparition, organisées dans la ville natale du poète, l'exposition offre des interprétations créatives de textes, de tout temps encensés pour leur qualité littéraire et en contraste avec les interprétations dénuées de fioritures de l'artiste sur scène.

"Hallelujah", son titre sans conteste le plus repris par des centaines d'artistes dans le monde, sert de fond sonore pour une création, symbolisant un tombeau.

A partir de données en temps réel des plateformes musicales Spotify ou YouTube, le visiteur a le sentiment d'appartenir à une communauté en prenant conscience du nombre de personnes qui écoutent simultanément "Hallelujah".

"C'est à la fois une expérience scientifique et une expérience mystique à partir de la résonance universelle" créée par des centaines ou des milliers de personnes qui écoutent le même morceau au même moment, explique Melissa Mongiat à l'origine de cette création avec Mouna Andraos, deux artistes canadiennes férues de numérique.

"Hallelujah" sert aussi à une chorale virtuelle composée d'un seul chanteur. Muni d'un casque de réalité virtuelle et avec un champ de vision à 360 degrés, le visiteur regarde le musicien Bobby Halvorson interpréter la chanson dans des octaves qui s'associent.

- La vie et la liberté -

Pour l'Américain Zach Richter, la réalité virtuelle permet de retrouver l'ambiance d'une église médiévale. Le mariage de la technologie et de la musique apporte "une esthétique et un langage visuel totalement nouveaux", estime-t-il.

Avec une expérience de groupe complètement décalée, l'artiste sud-africaine Candice Breitz a choisi dix-huit Montréalais de 65 ans et plus qui, à partir de l'album "I'm your man" (1988), donnent à chacun la possibilité de s'arrêter devant un des 18 écrans disposés en cercle.

Dans ce qui apparaît au sein de cette exposition comme l'illustration la plus abstraite de l'oeuvre de Cohen, la comédienne et chorégraphe Clara Furey, fille du compositeur Lewis Furey et de la comédienne Carole Laure, se contorsionne au sol avant d'émerger, telle une renaissance, en récitant le poème "When Even The" du chanteur.

Des écrits, des dessins et des enregistrements sur plus de 50 ans de carrière sont rassemblés pour cette exposition sur laquelle le MAC --habitué des expositions innovantes comme l'an dernier la saisissante "The Visitors" de l'artiste islandais Ragnar Kjartansson--, travaille depuis bien avant la mort de Leonard Cohen le 7 novembre 2016.

Pour John Zeppetelli, directeur du musée montréalais, l'idée était de montrer à quel point il était "pertinent et puissant" depuis cinq décennies, et ceci à travers des oeuvres originales d'artistes au parcours éclectique.

Mais M. Zeppetelli ne voulait pas d'un tracé biographique du compositeur interprète avec quelques-uns de ses costumes ou son célèbre chapeau.

Au contraire, il a privilégié les symboles et les sentiments de l'artiste comme, en toute fin d'exposition, une petite vidéo d'un oiseau sur un fil, renvoyant à la chanson "Bird on The Wire", reflet de la vie et de la liberté.

À la une

Sélectionné pour vous