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Thérapie par la danse: les Grands Ballets Canadiens à Paris

Les Grands Ballets Canadiens de Montréal, porteurs d'un projet unique de centre de thérapie par la danse, sont en tournée à Paris avec "La Jeune Fille et la Mort" au Théâtre National de Chaillot.

La compagnie permanente de 35 danseurs fondée en 1957 par Ludmilla Chiriaeff s'est découvert cette nouvelle vocation en 2003 en lançant un projet de déménagement ambitieux dans le Quartier des spectacles de Montréal.

Jusqu'à présent, les Ballets étaient logés à l'étroit dans un vieux bâtiment où "les studios n'étaient pas aux normes et où un danseur devait faire attention à ne pas se cogner la tête pour un porté!", se souvient en souriant leur responsable des relations publiques Sheila Skaiem. "L'idée était qu'une compagnie d'envergure internationale méritait mieux".

Avec l'opportunité de locaux plus vastes s'est développée l'idée de donner des cours de danse pour le grand public et de thérapie par la danse. "C'est très nord-américain d'être citoyen et d'apporter quelque chose à la communauté", explique à l'AFP le directeur du nouveau Centre national de danse-thérapie Christian Sénéchal.

Dans le nouvel Espace Danse, où cohabiteront les Grands Ballets et l'Ecole de danse contemporaine de Montréal, quatre studios seront dévolus aux cours de danse-loisir pour le public mais aussi de danse-thérapie, en liaison étroite avec des écoles, des hôpitaux et des prisons. Jusqu'à 800 personnes par semaine pourront bénéficier de cours donnés par des professionnels formés spécialement.

"Ce qui est unique au monde, c'est de regrouper à la fois des cours, la formation des professeurs et la recherche en danse thérapie", explique Christian Sénéchal.

Depuis 2003, les Grands Ballets ont eu l'occasion de se roder avec 24 projets touchant plus de 350 personnes, en coopération avec une cinquantaine de partenaires de la santé et des services sociaux. "On était souvent sollicités en dernière ligne, lorsque rien n'avait marché", remarque Christian Sénéchal. Depuis, les progrès ont été quantifiés, et les candidatures affluent, en provenance d'hôpitaux, de centre sociaux ou de prisons.

- Des cours pour anorexiques -

"Par exemple depuis deux ans, les cours menés avec des jeunes filles anorexiques ont conduit à des progrès remarquables dans la conscience du corps, l'estime de soi et aussi dans l'approche de l'autre", observe M. Sénéchal.

Plusieurs universités canadiennes sont associées au projet pour mesurer scientifiquement l'impact. "Ce n'est pas de l'animation, on est pas dans l'ésotérisme du genre +la danse ça fait du bien+, tout cela mérite d'être mesuré", souligne le directeur.

La thérapie par la danse est née aux États-Unis dans les années 40 avec notamment la pionnière américaine Marian Chace, en complément des traitements médicaux ou de psychothérapie, ou en thérapie principale. Les Grands Ballets se sont adjoints les services d'une spécialiste, Myriam Roskin Berger, pour mettre en place leur progamme.

La danse peut aider les enfants qui ont des troubles du comportement, des autistes ou trisomiques, des adultes ayant des troubles de santé mentale, des seniors touchés par un AVC ou une maladie de Parkinson.

Les professeurs sont recrutés en Amérique du Nord, en Allemagne et en France, où plusieurs universités délivrent des diplômes de danse-thérapie (Paris-Descartes, Tours).

A l'avenir, les Grands Ballets voient là aussi une reconversion possible pour leurs danseurs les plus âgés. "Les carrières sont courtes dans la danse", rappelle Sheila Skaiem.

Du 9 au 17 mars, les Grands Ballets donnent à Chaillot une oeuvre de Stéphan Thoss, une des vedettes du ballet en Allemagne, "La Jeune Fille et la mort", qui explore le cycle de la vie autour des quatre éléments, l'eau, l'air, le feu et la terre.

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