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Martin Gray, survivant des camps et auteur d'"Au nom de tous les miens", est décédé

L'écrivain Martin Gray, âgé de 93 ans, a été retrouvé mort à son domicile de Ciney dans la nuit de dimanche à lundi.

L'écrivain Martin Gray a été retrouvé mort dans la piscine de sa ferme de Ciney. Il avait 93 ans. Un médecin légiste doit examiner le corps, "mais il n'y a à priori rien de suspect", précise le parquet de Namur. Né en 1922 à Varsovie, Martin Gray est surtout devenu célèbre pour son livre "Au nom de tous les miens", dans lequel il décrit une partie de sa vie et notamment le drame d'avoir perdu à deux reprises toute sa famille, d'abord dans les camps d'extermination nazis, puis dans l'incendie de sa maison dans le Sud de la France. Ce livre a été rédigé par un tiers, Max Gallo.

Malgré une douzaine d'ouvrages publiés, Martin Gray dit ne pas se considérer lui-même comme écrivain, mais plutôt comme un témoin. "Je n'écris pas, je crie", affirme-t-il dans une interview en 2004.

Ses livres sont au service de ses activités philanthropiques, comme le montre la préface de Max Gallo à "Au nom de tous les miens": "Martin Gray voulait dire sa vie. Parce que, pour les siens disparus, pour lui-même, pour sa fondation, il avait besoin de parler, besoin qu'on sache".

Martin Gray s'était installé à Uccle, en 2001, avant de poser ses valises à Ciney, en 2012. Il y a été fait citoyen d'honneur un an plus tard. "C'était une personnalité, un monument, avec ce qu'il a vécu et ce qu'il a fait pour faire bouger la démocratie. C'était un homme charmant, un grand humaniste", a indiqué le bourgmestre de Ciney.


BIO (Source Wikipédia)

La 2e guerre mondiale

Le 1er septembre 1939, les nazis envahissent la Pologne. Martin Gray a alors dix-sept ans. Transféré dans le ghetto de Varsovie où son père travaille au Judenrat, il trouve le moyen d'en sortir en soudoyant des soldats nazis et devient ainsi un contrebandier. Plusieurs fois par jour, il fait des aller-retour pour ramener de la nourriture dans le ghetto grâce aux tramways. Lors d'une rafle, son père est attrapé pour être déporté. Grâce à ses connaissances, Martin lui sauve la vie en l'aidant à s'échapper.

Plus tard, sa mère, ses deux frères et lui-même sont déportés à Treblinka, où sa mère et ses frères sont exterminés immédiatement. Compte tenu de sa santé physique il n'est pas tué, et travaille dans divers kommandos, dont les sonderkommandos, qui sont chargés d'extraire les corps des chambres à gaz. Il réussit à s'échapper de ce secteur et à retravailler dans les secteurs de réception des déportés.

Il travaille alors dans un kommando chargé de trier le linge et de le charger dans les wagons. Il peut ainsi s'enfuir de Treblinka en se camouflant dans un wagon. De nuit, il se jette hors du train et traverse divers villages où il informe la population de ce qui se passe à Treblinka, mais personne ne le croit.

À son retour à Varsovie, il retrouve son père, qu'il croyait mort, mais qui, quelques jours plus tard, lors de l'insurrection du ghetto, sera abattu devant ses yeux, parmi un groupe de Juifs qui s'étaient jetés sur des SS après s'être rendus.

Il rejoint ensuite l'Armée rouge où il finit la guerre, et marche sur Berlin le 30 avril 1945. Comme officier, il est décoré d'ordres prestigieux de l'Armée rouge : ordre de l’Étoile rouge, ordre de la Guerre patriotique et Ordre d'Alexandre Nevski. Cent dix membres de sa famille sont morts pendant la Seconde Guerre mondiale.


Après la guerre

Après la guerre, il décide d'aller rejoindre sa grand-mère maternelle à New York en 1947.

Il s'y enrichit en vendant à des antiquaires américains des porcelaines et des lustres non antiques, qu'il fait fabriquer en Europe.

Citoyen américain en 1952, il rencontre Dina Cult en 1959 qui devient son épouse. Ils s'installent dans le Sud-Est de la France, à Tanneron, non loin de Mandelieu, où il devient exploitant agricole.

Le 3 octobre 1970, lors de l'incendie du Tanneron, il perd son épouse et ses quatre enfants. Au bord du suicide, il déclare avoir décidé de lutter pour devenir un témoin et trouver encore une fois la force de survivre, l'écriture devenant alors, d'après lui, une thérapie.

Depuis, Martin Gray s'est remarié deux fois et est père de cinq enfants.

En 2001, après plus de quarante ans passés dans le Var, Martin Gray s'installe en Belgique, à Uccle, dans l'agglomération de Bruxelles. À partir de 2005, il habite à Cannes. En 2012, il s'installe à Ciney dans le Condroz belge où il est fait citoyen d'honneur le 21 juillet 2013.

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